Le représentant du Front Polisario auprès des Nations unies, coordinateur avec la Minurso, Sidi Mohamed Omar, a appelé l'Espagne "en tant que puissance administrante du Sahara occidental", à assumer pleinement sa responsabilité juridique et historique et reconsidérer sa nouvelle position qui entrave les efforts de l'ONU à parvenir à une solution au conflit. Dans une lettre adressée mardi au Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, concernant la nouvelle position du gouvernement espagnol sur le Sahara occidental, le responsable sahraoui a estimé que celle-ci "ne servira qu'à enhardir l'Etat occupant du Maroc à poursuivre son occupation militaire illégale de certaines parties du Sahara occidental". "Au lieu d'assumer sa responsabilité historique et morale légalement établie envers le peuple du Sahara occidental, le gouvernement espagnol a opté pour une position regrettable, d'autant plus qu'il s'éloigne de la politique traditionnelle espagnole à l'égard du Sahara occidental", a déploré l'ambassadeur sahraoui. "Le Front Polisario et le Gouvernement de la République sahraouie (RASD) appellent l'Espagne, en tant que puissance administrante du Sahara occidental, à assumer pleinement sa responsabilité juridique et historique envers ce territoire et le destin de son peuple", a écrit M. Sidi Omar dans sa missive. A cet égard, le Front Polisario et le Gouvernement de la RASD "espèrent que le Gouvernement espagnol reconsidérera d'urgence sa décision et veillera à ce que l'Espagne joue un rôle constructif dans les efforts internationaux visant à parvenir à une solution pacifique et durable fondée sur l'exercice par le peuple du Sahara occidental de son droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance", a poursuivi le représentant du Polisario. Selon M. Sidi Omar, la nouvelle position de Madrid "encouragera également l'Etat occupant du Maroc à persister dans son obstructionnisme d'une manière qui entravera les efforts de l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, M. Staffan de Mistura, et compromettra la perspective d'une relance du processus de paix de l'ONU, longtemps au point mort". Lire aussi: Cause sahraouie: manifestation samedi à Madrid contre le revirement de Pedro Sanchez Il a rappelé que la Haute Cour nationale espagnole dans sa décision du 4 juillet 2014 a établi que "l'Espagne (...) continue d'être la puissance administrante (du Sahara occidental) et, à ce titre, jusqu'à la fin de la période de décolonisation, elle a les obligations énoncées aux articles 73 et 74 de la Charte des Nations unies". La décision a confirmé l'avis juridique rendu par le Secrétaire général adjoint aux affaires juridiques de l'ONU, le 29 janvier 2002, que "l'accord de Madrid (conclu secrètement entre l'Espagne, la Mauritanie et le Maroc le 14 novembre 1975) n'a pas transféré de souveraineté sur le territoire du Sahara occidental, et n'a conféré à aucun des signataires le statut de puissance administrante, statut que l'Espagne seule n'aurait pas pu transférer unilatéralement". Il a également rappelé l'arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) de 2016 qui a reconnu "le statut séparé et distinct accordé au territoire du Sahara occidental en vertu du principe d'autodétermination, par rapport à celui de tout Etat, y compris le Royaume du Maroc", soulignant que l'Assemblée générale et ses organes subsidiaires ont continué à considérer le Sahara occidental en tant que territoire non autonome et ce depuis 1963. "Compte tenu de ce qui précède, l'Espagne a donc toujours des responsabilités juridiques, historiques et morales envers le peuple du Sahara occidental. En tant que tel, elle est toujours responsable devant l'ONU et le peuple sahraoui de l'accomplissement de ses responsabilités et obligations de +confiance sacrée+ concernant la décolonisation du territoire, conformément aux dispositions du chapitre XI de la Charte des Nations unies et aux résolutions pertinentes de l'Assemblée générale", a conclu M. Sidi Omar.