CHAHID EL HAFEDH (Camps de réfugiés sahraouis) - L'ambassadeur sahraoui au Botswana, Malaïnine Lakhal, a qualifié, samedi, le changement de position du gouvernement espagnol sur la question du Sahara occidental de "nouvelle trahison" envers les Sahraouis et leur cause, soulignant que cette démarche ne conférerait pas au Maroc "une autorité légitime sur le territoire", en attente de décolonisation. Dans une déclaration à l'APS, Malaïnine Lakhal a indiqué que la position exprimée par le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, est "une nouvelle trahison à tous les égards de la cause sahraouie et des responsabilités de l'Etat espagnol dans la tragédie du peuple sahraoui". Le diplomate sahraoui a souligné en outre que "cette trahison n'avait d'égal dans l'histoire contemporaine que la conspiration entre l'ancien régime espagnol et le Maroc en 1975 visant à diviser le Sahara occidental et à l'origine de l'occupation marocaine". S'agissant de l'impact du revirement de l'Espagne sur la question sahraouie du point de vue juridique, Malaïnine Lakhal a assuré que cela "n'affectera en rien le statut juridique du Sahara occidental, ni la nature de ce conflit en tant que question de décolonisation", soulignant que "le soutien du Royaume d'Espagne au Maroc ne donnera pas à ce dernier une quelconque autorité légitime sur le territoire, car le seul détenteur de la souveraineté sur le Sahara occidental est le peuple sahraoui, et ce dernier a son représentant légitime, en l'occurrence le Front Polisario". Quant au soutien de l'Espagne au soi-disant "plan d'autonomie" marocain, cela "ne signifiera nullement que cette solution sera imposée aux Sahraouis. Autant dire que l'Espagne n'a qu'à assumer sa responsabilité historique, politique et juridique en tant qu'ancien colonisateur responsable du conflit (au Sahara occidental)". Dans ce contexte, le diplomate sahraoui a regretté le fait que cette nouvelle position de Madrid intervienne au moment où tout le monde "attendait que l'Espagne fasse des efforts dans le cadre des Nations unies, afin de corriger cette erreur, par un réel soutien à une solution africo-onusienne qui permettrait au peuple du Sahara occidental d'exercer son droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance". L'ambassadeur sahraoui au Botswana a expliqué que le but de la solution politique est de "permettre aux Nations unies de résoudre le conflit conformément au droit international, par exemple, en réactivant le plan de règlement ONU-OUA de 1991, pour sortir de cette impasse" provoquée par Rabat, avec le soutien des pays occidentaux, mis à nu en raison de leur politique de deux poids deux mesures.