Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a affirmé, mercredi, que l'Algérie était un Etat "pacifiste" et "neutre" adoptant le principe de non-alignement dans sa politique étrangère, et qui tente d'évoluer dans son environnement régional et international "complexe". Le Président Tebboune a abordé dans une interview accordée à la chaîne d'information qatarie "Al Jazeera", les relations diplomatiques de l'Algérie au double plan régional et international, affirmant que l'Algérie était un Etat "pacifiste" qui tente d'évoluer dans un contexte marqué de plusieurs défis sécuritaires le long de ses frontières "menacées" et dans son entourage géographique, notamment dans cette conjoncture internationale "complexe". Le Président de la République a qualifié, dans ce cadre, les relations qui lient l'Algérie à la Russie de "bonnes", faisant savoir qu'il effectuera une visite à Moscou en mai prochain, à l'invitation du président russe Vladimir Poutine. A la question de savoir si les relations qui lient l'Algérie à la Russie ne dérangeaient pas les Etats-Unis, le chef de l'Etat a déclaré: "Nous essayons de leur expliquer que notre appartenance n'est pas militaire et qu'il ne s'agit pas non plus d'un parti pris idéologique. Nous sommes un Etat neutre et nous nous considérons comme étant amis des Etats Unis. Le non-alignement est notre politique". Dans ce cadre, le Président de la République a souligné que l'Algérie est habilitée à jouer un rôle de médiation entre la Russie et l'Ukraine, "étant parmi les pays ayant suffisamment de crédibilité pour être médiateur dans de nombreux conflits, vu le poids de la diplomatie algérienne. Il y a toujours eu un résultat". "L'Algérie n'intervient jamais dans une médiation si elle n'est pas sûre du résultat", a-t-il souligné, ajoutant: "Nous espérons que les deux parties au conflit acceptent la médiation". Le Président Tebboune a, par ailleurs, salué les relations "stratégiques" unissant l'Algérie et l'Italie, fondées sur une amitié "profonde" et "transparente" qui se poursuivent depuis la guerre de libération. Le Président Tebboune a évoqué, en outre, les relations algéro-chinoises qu'il a qualifiées de "bonnes" et qui se poursuivent depuis la période pré-indépendance. Par ailleurs, il a affirmé que les relations entre l'Algérie et la France "sont ordinaires", et "évoluent en dents de scie à certaines périodes", précisant que le retour de l'ambassadeur d'Algérie à Paris "n'est pas à exclure". Concernant l'adhésion de l'Algérie aux BRICS, le Président Tebboune a fait savoir que cette question devrait être tranchée l'été prochain à l'occasion de la réunion du groupe, soulignant que la majorité des pays membres étaient favorables à l'adhésion de l'Algérie. Au niveau arabe, le président de la République s'est félicité du niveau des relations bilatérales de l'Algérie avec tous les pays arabes, notamment l'Etat du Qatar et le royaume d'Arabie Saoudite. Il a indiqué, dans ce contexte, que l'Algérie "n'abandonnera jamais la Tunisie", cible d'un complot ourdi par plusieurs parties, et apporte son soutien au président tunisien, M. Kaïs Saïed, élu par son peuple. Concernant la question sahraouie, le président de la République a affirmé que c'était une affaire de pure décolonisation, soulignant que l'Algérie, qui milite pour la liberté des peuples, soutient le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Evoquant les surenchères et les mystifications autour de la position algérienne à l'égard de la question sahraouie, le président Tebboune a indiqué que le gouvernement espagnol de Franco avait proposé le Sahara occidental à l'Algérie en 1964, proposition rejetée à l'époque par le regretté Président Ahmed Ben Bella. Sur un possible changement de la position algérienne vis-à-vis de l'Espagne en cas de changement de gouvernement dans ce pays, le président de la République a soutenu qu'"les propos du chef du gouvernement Pedro Sanchez (concernant le Sahara occidental) ne seront plus de mise en cas de changement du gouvernement espagnol", estimant que "ce qu'il a fait est injuste envers le peuple sahraoui et constitue une violation des us internationaux et du Droit international". Le Président Tebboune a expliqué que le roi d'Espagne, les ministres du gouvernement et même le Parlement espagnol n'étaient pas au courant de la position de Sanchez, que nous considérons comme "position individuelle et difficile à gérer". Sur le plan interne, le Chef de l'Etat a affirmé que les prétendues restrictions aux libertés et aux médias en Algérie avancées à chaque fois par certaines parties "sont intimement liées aux tentatives de déstabilisation" du pays. Relevant que certains médias "critiquent l'Etat", le Président a indiqué que "les critiques sont les bienvenues à travers la proposition d'idées alternatives et de plans économiques différents de ceux adoptés par le gouvernement", soulignant que "les insultes et la défense des intérêts étrangers ainsi que la perception de fonds étrangers est chose inacceptable".