La musique et le chant Châabi ont dominé à Bejaia l'animation du mois de Ramadhan, occupant copieusement autant les espaces restreints que les places publics. Partout, en effet, loin des grandes démonstrations artistiques dédiées aux foules, l'occasion cette fois-ci a privilégié les réunions populaires modestes en s'ouvrant largement au public des puristes et les passionnés du genre. L'expérience, à l'évidence, a enchanté et fait retrouver le plaisir, non seulement de la "Qâada", des retrouvailles et de la communion qui sied à ce type musical, mais aussi celui d'entendre des artistes, pas forcément des vedettes, mais qui interprètent généreusement, en sublimant des répertoires qui le sont tout autant. Sofiane Ketfi, Tarek Ayad, que d'aucuns jugent dignes héritiers de Lhachemi Guerouabi, Hafid Djemai et de Cheikh El Hadi, en sont, entre autre, de ceux-là et qui, à l'occasion, ont fait montre d'un talent et de performances rares, qui n'ont rien à envier aux grands maitres du chaâbi. "Ils ont une totale maitrise de leur art", a concédé Boualem chouali, un mélomane passionné, qui ne rate pas une soirée pour s'y abreuver, allant de la cinémathèque à la salle des fêtes "Vis la joie", ou s'incrustant au café "Boulouisa" pour s'extasier et s'évader. Ces trois "repères" sont les lieux magiques, se caractérisant chacun par une programmation alléchante et de découverte, et au sein desquels de fortes émotions se dégagent. A contrario de la salle des fête et de la cinémathèque qui accueillent des concerts en espaces fermés, le café "Boulouisa", situé en haute ville, est ouvert aux quatre vents et aux passants, privilégié, il est vrai, par son emplacement doté d'une terrasse et d'une petite esplanade, qui donnent le loisir aux férus et aux promeneurs de se divertir, voire de se "transporter". Occasionnellement, un quatrième lieu s'y distingue. Il s'agit de l'esplanade "Daouadji", qui accueille des concerts, pas spécialement dédiés au Châabi, mais ouverts sur toute la chanson populaire, avec des artistes connus, à l'instar de H'sinou Fadli, Omar et Kacimou Bourai. En ce mois de Ramadhan, la ville de Bejaia dans son ensemble semble bien animée et, au-delà du Chaâbi, célébré avec force et goût, les autres genres musicaux n'ont pas été en reste, notamment à la maison de la Culture qui, chaque soir, fait la part belle à la musique moderne et à ses fans. Simou, Iglan, le groupe Am-Zik, Cylia Babou, Aida Oulmou et Nassima Ait Ammi en ont tous fait leur show, mais en y drainant moins de monde du fait de l'accès payant à leurs spectacles, est-il constaté. Dans ce registre, assurément c'est la ville d'Akbou qui a focalisé l'attention, avec la programmation à la salle de spectacle de l'hôtel Atlantis, de grande vedettes, dont l'inénarrable Mohamed Allaoua, qui, deux jours durant, a fait vibrer tout le public de la vallée de la Soummam. C'est aussi le cas de la ville d'Amizour qui a vibré avec des galas musicaux et du théâtre, dont l'alternance a donné une résonnance particulière à l'animation de ce mois de Ramadhan.