La militante française des droits de l'Homme, Claude Mangin, a qualifié jeudi de "grande victoire" le rapport du Groupe de travail sur la détention arbitraire de l'ONU exhortant le Maroc à libérer "immédiatement" les prisonniers politiques de Gdeim Izik, appelant les pays signataires des conventions internationales en la matière à contraindre le Makhzen à se conformer à cette injonction. "Le rapport du Groupe de travail sur la détention arbitraire de l'ONU est une grande victoire pour nous tous, militants, juristes, témoins et victimes des exactions et de la détention arbitraire que le Maroc fait subir depuis plus de 13 ans aux prisonniers de Gdeim Izik en particulier", a soutenu Claude Mangin dans une déclaration à l'APS, à la veille de l'ouverture de la 47e conférence de la Coordination européenne pour le soutien et la solidarité avec le peuple sahraoui (Eucoco) à Tolède (Espagne). Pour l'épouse du prisonnier politique sahraoui Naama Asfari, cet énième camouflet essuyé par le Maroc met à mal sa propagande qui consiste à vouloir redorer l'image du royaume en s'appuyant sur des mensonges éhontés. "La décision du Groupe de travail de l'ONU montre une fois de plus combien le Maroc n'est pas à la hauteur de son discours et de sa volonté de donner une bonne image de lui-même", a-t-elle souligné. A ce titre, la militante française a dit espérer que "cette énième décision de l'ONU puisse avoir une répercussion positive et permettra aux prisonniers politiques sahraouis de recouvrer leur liberté". Elle a notamment appelé tous les pays signataires des conventions internationales en la matière à "faire pression sur le Maroc pour qu'il obéisse à cette injonction à travers la libération de tous les prisonniers politiques sahraouis incarcérés dans ses geôles depuis longtemps". Dans le même contexte, la militante française a rappelé que les premières plaintes pour torture concernant le cas de Naama Asfari remontent à 9 ans et que le Maroc a déjà été condamné cinq fois pour torture sur les prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Izik. "En l'absence de toute visite de rapporteurs spéciaux des Nations unies dans les territoires occupés du Sahara occidental depuis plusieurs années, ces décisions, qui revêtent une grande importance, permettent de montrer que l'aspect hors la loi international du Maroc continue envers et contre tous", a-t-elle ajouté. Par ailleurs, Claude Mangin a tenu à saluer la résilience des prisonniers politiques sahraouis malgré les conditions très difficiles dans lesquelles ils vivent, comme le manque de soins consécutif aux séquelles qu'ils ont subies à cause des tortures. "La façon dont je suis moi-même traitée, étant donné que je n'ai pas le droit de visite au Maroc depuis 7 ans, montre combien la violence et la vengeance coloniale de ce pays ne faiblissent pas", a-t-elle signalé. Dans sa demande de libération des prisonniers, le Groupe de travail de l'ONU a mis en lumière des violations flagrantes, notamment le refus d'accès à des avocats, des aveux obtenus sous la torture et le manque d'impartialité et d'indépendance de la justice marocaine. Il a conclu que ces Sahraouis ont été arbitrairement privés de leur liberté depuis leur arrestation en 2010 et a enjoint le Maroc de garantir des dédommagements. De même qu'il a incité le royaume à enquêter sur la privation arbitraire de liberté de ces Sahraouis et à prendre des mesures contre les responsables. Pour rappel, les militants de Gdeim Izik se trouvent en détention arbitraire au Maroc depuis 2010 suite à une protestation pacifique massive organisée dans la localité de Gdeim Izik. Depuis, et à ce jour, ils endurent un traitement inhumain dans les geôles d'occupation.