L'historien et défenseur marocain des droits humains, Maâti Monjib a indiqué que la corruption était partout au Maroc, soulignant que le régime du Makhzen s'appuyait sur la répression et semait la peur au sein de la population marocaine, dans le but de renforcer son contrôle sur le pays. S'exprimant dans le journal en ligne l'Orient XXI, Maâti Monjib (63 ans) a fait savoir que le régime du Makhzen n'hésitait pas à renvoyer les premiers responsables des institutions de gouvernance et de lutte contre la corruption et à les pousser à la démission ou les humilier quand ils tentent de faire leur travail. Il a notamment cité l'exemple du président de l'Instance marocaine de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption, Mohamed Bachir Rachdi, limogé en mars dernier, et avant lui Driss Guerraoui, ancien directeur du Conseil de la concurrence qui avait évoqué, documents officiels à l'appui, les pratiques illégales des grands distributeurs de carburant au Maroc, parmi lesquels celui qui appartient au holding du chef du gouvernement Aziz Akhanouche. L'historien marocain, qui est entré en grève de la faim le 3 avril, pour protester contre son interdiction de quitter le territoire marocain afin d'assister à un colloque organisé par l'Université française de la Sorbonne, a dressé un tableau noir de la situation au Maroc où "despotisme, rente et corruption dominent". Il a notamment fait savoir qu'il y a quelques semaines, Aziz Akhanouche est devenu à la fois "sujet et metteur en scène" d'un scandale grotesque de conflit d'intérêts dans l'affaire d'une station de dessalement à Casablanca, un marché que son holding familial a remporté dans le cadre des partenariats public-privé. Maâti Monjib est également revenu sur le calvaire qu'il endure à cause de ses positions appelant à une véritable réforme du régime monarchique au Maroc, relevant que les autorités de son pays lui ont gelé son compte bancaire depuis plus de quatre ans et l'empêchaient de vendre sa voiture ou son domicile sans que le moindre document écrit attestant de la saisie de ses biens ne soit fourni par la justice, à lui ou à ses avocats. Il a, en outre, fait savoir qu'il est toujours suspendu de son travail comme professeur d'histoire à l'Université Mohammed-V de Rabat, et ce malgré le fait d'avoir bénéficié de la grâce royale impliquant le rétablissement de tous ses droits d'enseignant-chercheur. A ce titre, il a souligné que les problèmes auxquels sont confrontés les opposants marocains "font partie d'une stratégie de pression tous azimuts du régime du Makhzen pour fatiguer ceux qu'il appelle « dissidents » en privé et « délinquants » dans sa presse diffamatoire". Il a expliqué que cet acharnement contre lui et d'autres critiques du régime comme Fouad Abdelmoumni, Omar Radi, Soulaiman Raissouni ou la poétesse Saida Alami, fait partie de ce qu'il appelle "l'économie de répression, conçue par la police politique dans le but d'exercer un contrôle maximal sur la société par le moyen d'une répression quantitativement minimale". Il s'agit par exemple de "mettre le moins de personnes possible en prison tout en exerçant une pression maximale sur la société à travers des poursuites judiciaires multiples, des pressions sur la famille et l'entourage proche et la diffamation", a-t-il précisé, faisant savoir que "cette ingéniosité maléfique vise à garder une « bonne image » du Maroc à l'étranger tout en disséminant un climat délétère de peur, de suspicion et de délation", ce qui fait que "la peur règne partout au Maroc".