Le journaliste marocain Soulaiman Raissouni n'a pas bénéficié des conditions d'un procès équitable, a affirmé sa nièce Hajar Raissouni, notant que les "accusations à caractère sexuel" visant les opposants au régime du Makhzen sont devenues "légion" ces dernières années. Pendant l'audience du 17 janvier, la Cour d'appel près le Tribunal de Casablanca a écouté Soulaiman Raissouni ainsi que le plaignant et les a confrontés, a indiqué la journaliste marocaine Hajar Raissouni dans une déclaration à la radio internationale Monte Carlo. Lors de cette audience devant reprendre le 31 janvier, Soulaiman Raissouni a été présent pour la deuxième fois consécutive alors qu'il a été condamné à cinq ans de prison ferme en première instance sans avoir pu assurer sa défense. Hajar Raissouni a souligné que lors de la dernière audience, son oncle "a continué à se défendre et à réfuter toutes les accusations portées contre lui", rappelant les détails de l'affaire qui a commencé par un post publié par le plaignant sur Facebook en mai 2020, à travers lequel il expliquait qu'un célèbre journaliste dont il n'a pas mentionné le nom, l'avait "agressé sexuellement" deux ans avant la publication de son message. Une semaine seulement après la parution du message sur les réseaux sociaux, poursuit la journaliste marocaine, "Soulaiman Raissouni a été convoqué et emprisonné pour séquestre et viol". La journaliste marocaine a, en outre, indiqué qu'il y avait des "incohérences" dans les récits du plaignant devant le tribunal, relevant que l'action publique (poursuite judiciaire) a été déclenchée après que le ministère public s'est autosaisi et non pas après une plainte déposée par la présumée victime. Elle a également relevé que la justice n'a pas encore autorisé la convocation de la femme de ménage de Raissouni pour apporter son témoignage, et ce, malgré le fait que la défense du journaliste marocain en a fait la demande à plusieurs reprises. Lire aussi: Maroc: les poursuites judicaires contre Raissouni, un "procès politique par excellence" La nièce de Soulaiman Raissouni a fait savoir que les conditions d'un procès équitable n'étaient pas réunies, notant que son oncle est resté en prison pendant plus d'un an et demi, "malgré l'absence de preuves solides" contre lui et qu'il "présente toutes les garanties pour se présenter à son procès". La journaliste a assuré ne pas contester le droit du plaignant d'intenter une action en justice, mais plutôt la façon dont s'est déroulé le procès. Pour rappel, Hajar Raissouni a travaillé comme reporter au quotidien Akhbar al Yaoum (interdit de parution depuis mars 2021), dont le rédacteur en chef est son oncle Soulaiman qui est connu pour ses "édito" critiques envers les autorités. Arrêtée en 2019, elle a été condamnée à un an de prison ferme pour "avortement" et "relations sexuelles extraconjugales". Selon elle, son cas est lié à celui de son oncle et à "toutes les affaires à caractère sexuel dans lesquelles des journalistes indépendants sont poursuivis au Maroc", estimant que ces poursuites visent à porter atteinte à "la réputation du journaliste". Dans ce contexte, elle a signalé que les "accusations à caractère sexuel" sont devenues "légion" ces dernières années et "concernent toute personne ayant une opinion contraire à celle des autorités" au Maroc. Elle a, entre autres, cité les cas de plusieurs journalistes et personnalités connues de l'opinion publique, comme l'ancien directeur du quotidien "Akhbar Al-Yaoum", Taoufik Bouachrine et le militant des droits de l'homme Maati Monjib.