Des experts du Mali et du Tchad ont estimé, dans des déclarations à l'APS, que les agissements des putschistes maliens traduisaient une ingratitude et un profond déni de l'apport de l'Algérie à leur pays, assurant que ces crises sont créées de toutes pièces par des parties étrangères qui souffrent de voir l'Algérie porter un grand projet économique et de développement stratégique au profit du continent africain. Dans ce cadre, le chercheur malien spécialiste des questions du Sahel, Mohamed Ouis Mahri, a dit que l'Algérie était dans son droit de défendre l'intégrité de son territoire contre toute menace, soulignant que le peuple malien "garde en mémoire le soutien indéfectible de l'Algérie qui s'est toujours tenue à ses côtés durant les périodes de crise". Concernant la neutralisation du drone, le chercheur a indiqué que l'attitude de l'Algérie est "compréhensible" dans la mesure où cet appareil représentait une menace avérée pour son territoire. "L'Algérie n'a fait que réagir comme l'aurait fait tout autre pays face à une telle situation", a-t-il soutenu. Il faut garder en vue que l'Algérie "a énormément pâti des opérations militaires menées à ses frontières", a-t-il dit, expliquant qu'outre la enace qu'elles constituent pour sa sécurité nationale, elles engendrent des vagues migratoires massives, conséquence directe du conflit dans le nord du Mali. L'expert malien a également expliqué dans quelle mesure le Sahel, en général, et le Mali, en particulier, étaient devenus "le théâtre d'une âpre rivalité entre puissances mondiales, en raison des richesses que recèle cette région", dénonçant, par là même, "la multiplication des crises créées de toutes pièces et instrumentalisées par certains pour servir leurs propres intérêts". Mettant en avant le rôle majeur de l'Algérie et son soutien aux pays du continent, y compris le Mali, sur le plan politique, économique et humanitaire, il a fait observer que "certains pays occidentaux, mus par des appétits démesurés en Afrique, ont tenté de torpiller ces efforts". Selon lui, le différend actuel entre l'Algérie et le Mali ne saurait être réduit à une simple opposition entre les deux parties, comme le laissent entendre certains observateurs qui adoptent une lecture étroite des événements. En réalité, il y a des parties qui exploitent cette crise pour servir leurs intérêts, au détriment des peuples du Sahel et, en particulier, du peuple malien, a-t-il soutenu. L'intervenant n'écarte pas l'implication du régime marocain dans cette crise, rappelant, à ce propos, les contacts établis entre les pays de la région et le Makhzen et la présence de nombreuses entreprises marocaines au Mali. Il a également évoqué la coordination en matière de renseignement entre le Maroc et ces pays, qui reçoivent même des invitations à participer à des conférences organisées dans le royaume, la dernière en date étant celle sur "la sécurité au Sahel et la lutte contre le terrorisme". Sous couvert de ces thématiques, il est fort probable que le Maroc "tente de s'introduire dans cette région en exploitant la situation entre l'Algérie et le Mali pour monter les pays du Sahel contre l'Algérie", a-t-il estimé. Evoquant l'apport de l'Algérie au continent africain, l'expert a souligné que ses efforts sont connus de tous. Elle a acquis au fil des décennies "une très bonne réputation", a-t-il déclaré, rappelant les positions de l'Algérie à l'égard des causes justes dans le monde comme la cause palestinienne et celle du Sahara occidental. Mohamed Ouis Mahri a également évoqué le rôle majeur de l'Algérie et son soutien au peuple malien face aux différentes crises auxquelles il a été confronté, citant, à ce titre, l'Accord de paix et de réconciliation de 2015 issu du Processus d'Alger, grâce auquel la sécurité avait été restaurée dans le pays avant de s'effondrer à nouveau à cause des ingérences étrangères. "L'Algérie a de tout temps été le refuge ultime pour le Mali, l'aidant à faire face aux sanctions qui lui étaient imposées afin de subvenir aux besoins du peuple malien, car elle était consciente que ce dernier était le premier à en pâtir", a-t-il poursuivi. De son côté, le doyen de la faculté Cheikh Zayed des lettres, des arts et des sciences humaines de l'Université Adam-Barka d'Abéché au Tchad, Attié Djawid Djarennabi, s'est dit étonné par ce qu'il a qualifié de "tohu-bohu" des putschistes maliens, rappelant que l'Algérie "n'a agressé personne" et "n'a fait que protéger son territoire conformément au droit international". L'universitaire tchadien voit dans l'hostilité de Bamako à l'endroit de l'Algérie de "l'ingratitude" vis-à-vis de l'aide et du soutien qu'elle a toujours apportés au Mali au nom de la fraternité et du bon voisinage. "L'Algérie n'a été l'ennemie d'aucun pays africain. Bien au contraire, nous avons appris de sa diplomatie avisée la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats", a-t-il insisté. "Comment le Mali peut-il effacer tout l'héritage historique, culturel et de lutte commune entre les deux pays ?", s'est-il interrogé, affirmant que "ces déclarations hostiles et indignes n'honorent pas le Mali et n'affectent en rien l'Algérie". L'intervenant a également pointé l'existence de mains étrangères derrière les crises fomentées contre l'Algérie car, a-t-il dit, "c'est un Etat qui défend les causes justes et porte un grand projet économique, civilisationnel, de développement stratégique et de libération au profit du continent africain".