Les vacances d'été constituent une opportunité immanquable pour les étudiants d'El-Oued d'exercer un travail saisonnier, histoire de se faire un peu d'argent de poche et si possible couvrir, même partiellement, les frais de la prochaine saison universitaire. Certains étudiants trouvent emploi sur les champs de pomme de terre disséminés à travers cette wilaya réputée pour son agriculture et son dynamisme commercial. La cueillette de la récolte d'arrière saison, quelques-uns de nos futurs cadres la pratique sans rechigner contre la somme appréciable de 1000 DA au maximum par jour, tandis que d'autres optent bien volontiers pour des activités un peu plus durables même si elles leur rapportent moins. A. Ahmed, 23 ans, meuble depuis huit ans ses vacances scolaires ou universitaires par un poste de vendeur de vêtements au marché Lâachâach du centre-ville, contre un salaire mensuel de 12.000 DA. Il dit "sacrifier" ainsi la quasi totalité de ses vacances d'été pour pouvoir faire face, le reste de l'année, à des besoins essentiels. Il se contentera tout de même d'une petite semaine de repos dans le cadre de l'université d'été qu'organise la direction des £uvres universitaires en coordination avec les organisations estudiantines. Pour cet étudiant, "mieux vaut tout cela qu'abandonner les bancs de l'université, avant de décrocher le précieux diplôme, au profit d'un travail durable et relativement bien rémunéré comme certains étudiants ont dû le faire contraints". Le jeune Ahmed se dit ainsi plus chanceux comparativement à d'autres étudiants de sa génération pour qui, dit-il, le travail signifie, bien plus qu'un moyen de couvrir les charges de scolarité, une précieuse opportunité d'assister financièrement leurs familles. Cela s'applique à l'étudiant N. Melik, qui n'a pas abandonné ses études et est en voie d'obtenir un diplôme supérieur de l'institut des sciences économiques et commerciales. Il gère, depuis quatre mois, le cybercafé d'une de ses connaissances. Avisé et prévoyant, cet étudiant de 27 ans a pu accéder au monde de l'Internet et le maîtriser en dépit de sa qualité de profane en matière d'informatique. Le revenu journalier tiré de son activité dans un cybercafé est fixé selon la recette quotidienne et les heures de travail effectuées, aux alentours de 400 DA, affirme-il. Comme pour d'autres étudiants, issus, ceux là, de familles aisées et qui optent pour le travail chez leurs proches, généralement dans des professions libérales, Abdelmadjid Z. ne rate pas l'occasion de se déplacer d'Oran où il étudie à El Oued en été pour s'occuper de la boulangerie de son père. Pour ce jeune de 20 ans, le travail saisonnier l'affranchit de l'aide familiale, lui qui préfère subvenir à ses besoins à la sueur de son front. "Une grande partie de ce que je gagne à la boulangerie sert à couvrir, entre autres, les frais de déplacement entre Oran et El-Oued qui me coûtent, pour un aller et retour, au moins 4.000 DA", explique-t-il. Ceci, poursuit-il, sans compter les frais d'édition des travaux de recherche dans les cybercafés d'Oran, une ville moderne qui impose de surcroît un train de vie coûteux.