Contrainte n Pour des raisons évidentes de budget, la plage constitue l'unique destination d'une grande partie des étudiants algériens. Nombreux, en effet, sont ceux qui affirment que les vacances constituent une occasion d'aller se baigner et se rafraîchir. Car, tout naturellement, c'est gratuit et c'est à la portée de tout le monde. Même si, faut-il le dire, une place au soleil en été au bord de la mer n'est pas équitablement garantie. Car si les étudiants qui habitent les régions côtières sont plus chanceux en ce sens qu'ils peuvent profiter de la grande bleue autant qu'ils le veulent, ce n'est pas le cas pour les gens de l'intérieur du pays et ceux du Sud qui n'ont pas véritablement cette opportunité. Un étudiant de Sétif témoigne : «Pour moi, aller me baigner est une grande chance. Le trajet pour aller sur une plage de Béjaïa (distante de 90 km) me prend toute la journée. Je n'ai que le temps de faire quelques plongeons et songer déjà à rentrer chez moi le soir même. Sauf si, bien entendu, j'ai suffisamment d'argent pour passer une nuit à l'hôtel et profiter le lendemain des bienfaits de la mer.» C'est, certes, une idée géniale, mais une nuit à l'hôtel ou dans une auberge, ce n'est pas à la portée d'un étudiant. C'est là, justement où réside le problème pour la majorité des étudiants qui, à la fin de l'année universitaire, n'ont aucun sou en poche. «Ne serait-ce que pour aller à la plage ! », ironise un jeune étudiant de l'université de Bouzaréah et qui habite Djelfa. C'est un secret de polichinelle. Nos étudiants n'ont pas d'argent et avec la modeste bourse qu'ils perçoivent (2 700 DA par trimestre), ils ne peuvent pas économiser grand-chose. Alors, il n'est pas évident qu'ils puissent passer convenablement leurs vacances ! Pour remédier à la situation, nombreux sont ceux qui se mettent, dès leur sortie en vacances, à la recherche d'un travail pour se faire un peu d'argent. Tous les petits métiers sont les bienvenus : serveur dans un café, un restaurant, vendeur à la sauvette, ouvrier dans un chantier, receveur de bus saisonnier, caissier dans une supérette… L'essentiel est de se faire un peu d'argent et de pouvoir passer des vacances agréables. Ahmed, 22 ans est étudiant en philosophie à Bouzaréah, il habite Médéa. Pour lui, les vacances ne sont pas forcément synonyme de repos et de quiétude. «L'été, moi je travaille ! Quand j'étais en terminale, j'aidais mon frère dans ses travaux de peinture et c'est comme ça que j'ai appris à peindre. Maintenant, je suis un bon peintre et je profite des vacances pour bricoler ici et là pour me faire un peu d'argent de poche et ça marche...», dit-il. D'autres étudiants moins chanceux, font n'importe quoi. C'est le cas de Mourad, 20 ans, étudiant en histoire et qui habite Skikda. Pour lui, aller à la plage ce n'est pas du tout un problème car il habite une charmante ville côtière. Mais c'est plutôt à visiter une autre ville côtière qu'il songe. «Les vacances, pour moi, c'est la découverte de la beauté de notre pays, aller vers les autres et changer de ville… Cette fois, je voudrais aller passer quelques jours à El-Tarf avec des amis. Mais, le problème majeur c'est que nous n'avons pas où loger. Chez nous, il n'y a ni auberges pour jeunes, ni pension, ni hôtel à loyer modéré. Nous sommes contraints de réserver dans un hôtel où une chambre simple n'est pas cédée à moins de 1 000 DA la nuit …»