Les dirigeants politiques irakiens accélèrent la cadence de leurs négociations pour tenter de parvenir à un accord sur la formation d'un gouvernement d'union nationale, six mois après les élections législatives de mars dernier. Dans le cadre des efforts visant à débloquer l'impasse politique prévalant en Irak, les dirigeants politiques poursuivent jeudi leurs négociations lors d'une réunion pour notamment élaborer un calendrier afin de former le futur gouvernement qui peine toujours à voir le jour. En l'absence de l'Alliance de l'état de droit (AED) du Premier ministre sortant Nouri Al-Maliki, le Bloc irakien de l'ex-chef du gouvernement Iyad Allawi, vainqueur des dernières législatives, et le mouvement de Moqtada Sadr ont tenu mercredi une réunion qui a débouché sur un accord portant sur la nécessité de former "le plus vite possible" un nouveau gouvernement. Lors de cette réunion, le Bloc irakien et le mouvement sadriste ont examiné ensemble une feuille de route, proposée par M. Sadr et portant sur un plan de sortie de crise ainsi que sur les mesures à prendre en vue de former un nouveau cabinet dans le pays. Ce plan de sortie de crise porte également sur des réformes politiques et parlementaires, et prône le dialogue avec le parti de M. Allawi. En tête du scrutin (91 sièges sur 325), M. Allawi revendique le droit de former le gouvernement, mais il a été contré par son rival Nouri Al-Maliki de l'Alliance de l'état de droit (AED - 89 sièges) qui a forgé avec les partis religieux de l'Alliance nationale irakienne (ANI - 70 sièges) une alliance à laquelle il manque quatre sièges pour être majoritaire. Les élections de mars dernier n'avaient donné à aucun parti la capacité de gouverner seul, rappelle-t-on. Par ailleurs, les négociations sur la formation du nouveau gouvernement irakien achoppent sur plusieurs questions, dont notamment le nom du futur Premier ministre. L'AED maintient son candidat Al-Maliki à ce poste mais l'ANI s'est y opposée. Lundi dernier, M. Allawi avait annoncé son retrait des négociations avec M Al-Maliki sur la formation du nouveau cabinet. "Nous avons cessé les négociations avec l'Alliance de l'état de droit", avait affirmé Mayssoun Damalouji, un porte-parole du Bloc irakien. Cette décision a été prise en réaction aux propos de M. Al-Maliki sur les fondements religieux du Bloc irakien, soulignant que le projet de ce dernier est "national" et non sectaire, a expliqué Mme Damalouji. Malgré toutes ces tergiversations, le président irakien Jalal Talabani a réaffirmé la détermination des parties irakiennes à surmonter tous les obstacles en vue de parvenir rapidement à un consensus sur la formation du prochain gouvernement. Lors d'une rencontre à Baghdad avec Jeffery Viltman, ministre-adjoint américain pour le Proche-Orient, le président Talabani a réitéré aussi la nécessité de faire avancer les négociations politiques entre les différentes parties. En visite depuis samedi dernier à Baghdad, M. Viltman a eu plusieurs rencontres avec les différentes formations politiques irakiennes pour rapprocher leurs points de vue à propos notamment de la formation du nouveau cabinet. Les Etats-Unis pressent les dirigeants irakiens de mettre en place un nouveau gouvernement pour éviter le risque d'un retour des violences dans le pays.