La crise politique est montée d'un cran en Italie samedi lorsque le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, s'en est pris à ses adversaires politiques mais aussi aux magistrats les accusant de chercher à faire de l'Italie un pays ingouvernable. "Dans mon pays, le pouvoir judiciaire a atteint une puissance qui n'a pas de limites. Le pouvoir judiciaire doit être le pouvoir étatique et politique de l'Etat. Dans certains pays et surtout dans le mien, il y a une oppression judiciaire. De nombreux faits de la magistrature sont totalement fabriqués, suscitant des risques à la gouvernance du pays", a lancé Berlusconi, de Russie où il prenait part à un forum sur la démocratie. El Cavaliere a saisi cette opportunité pour rassurer à nouveau les partenaires traditionnels de l'Italie, sur le respect des engagements internationaux pris par son gouvernement. Il avait déjà, au plus fort de la crise qui agite le pouvoir en Italie, met en confiance ces partenaires face aux déclarations de ses adversaires politiques selon lesquelles cette crise pourrait déteindre sur les relations de l'Italie avec le reste du monde. M. Berlusconi, cité par le journal "Corriere della serra", a dit avoir reçu de nombreux amis de l'Italie à qui il a expliqué ce qui se passe dans son pays. "Je les ai rassurés, a-t-il dit en précisant, que ce sont des petites choses de politiciens professionnels qui veulent leur échoppe politique, mais ces choses n'ont aucune incidence sur la gouvernance". Il a souligné à cet égard, que son gouvernement "poursuivra son mandat pour trois ans encore", critiquant au passage le système parlementaire qui contraint le gouvernement à avoir son approbation avant de mettre en œuvre son programme. Les propos de Berlusconi ont immédiatement soulevé les critiques de l'opposition, notamment du chef du parti démocrate, Massimo D'Alema, pour qui le chef du gouvernement abuse des tribunes internationales pour évoquer la politique interne de l'Italie. L'ancien ministre des Affaires étrangères a qualifié de "grave" et d'"inhabituelle", l'utilisation d'un forum international pour se plonger dans la controverse politique interne, a-t-il dit. Il est épaulé dans ses pics par Pier Luigi Bersani, secrétaire du parti pour qui Berlusconi a donné "une gifle", à l'Italie par ce comportement. Les déclarations de M. Berlusconi n'ont pas en revanche, suscité la désapprobation de son principal allié, Umberto Bossi, chef de la Ligue du nord, qui revendiquait pourtant ces dernières semaines des élections anticipées. "Puisque nous ne pouvons pas aller à des élections, il vaut mieux aller de l'avant dans le travail", a-t-il dit aux journalistes. Pendant ce temps, les partisans de M. Berlusconi, qui ont perdu la majorité au parlement avec la dissidence des allies du président de la chambre des députés, Gianfranco Fini, se déclarent convaincus de pouvoir refaire une majorité en s'alliant avec d'autres élus notamment sans couleur politique et ainsi s'en passer de la quarantaine de "dissidents finiens". "Nous, les membres du PDL (Peuple de la liberté, parti de Berlusconi) nous pensons pouvoir construire au parlement non pas une majorité fictive mais une majorité politiquement et numériquement en mesure de continuer à gouverner", a indiqué Ignazio au Corriere della Sera. Quant à M. Berlusconi, il a assuré que son camp "continue (de travailler) en toute tranquillité car au parlement, a-t-il souligné, nous avons des voix suffisantes pour gouverner". M. Berlusconi peut compter sur le soutien de 307 députés à la Chambre face à une majorité absolue de 316, mais il devrait obtenir en échange du déblocage d'aides pour le Mezzogiorno (sud défavorisé) le soutien de 13 députés supplémentaires (5 du Mouvement sicilien de droite, 3 libéraux-démocrates et 5 du Sud). M. Fini qui craint son isolement politique affirme qu'il appartient toujours à la majorité mais veut poser ses conditions au vote de chaque loi, notamment tout texte permettant à Berlusconi d'échapper à ses ennuis judiciaires, selon les analystes politiques italiens. M. Berlusconi devra prononcer fin septembre devant la Chambre des députés, un discours demandant un vote de confiance sur la base de nouvelles propositions de réforme jugées acceptables par ses anciens alliés.