C'est peut-être le début de la fin du berlusconisme, a écrit la presse italienne. Après la rupture avec Gianfranco Fini, président du Parlement italien, le Cavaliere perd en effet le soutien de 35 députés et 14 sénateurs proches de son ancien allié. Le coup est rude pour le gouvernement déjà affaibli par la démission de deux ministres et d'un sous-secrétaire d'Etat impliqués dans des affaires de corruption. Cela faisait des mois que le feu couvait entre les deux hommes séparés tant par leur conception de l'Etat et de la politique que de la justice et de la finance. Mais, jeudi soir, les choses ont pris une tournure irréparable après la publication des derniers propos de Gianfranco Fini, très critique envers Silvio Berlusconi. Se sentant assiégé, le Cavaliere a menacé son adversaire de le chasser du parti pour incompatibilité politique. Dans la foulée, il a sommé son ancien allié de rendre son tablier. Au lendemain de ce divorce, Silvio Berlusconi n'a plus la majorité absolue au Parlement et son gouvernement est à risque. Avec la création d'un groupe autonome rebaptisé “Futur et Liberté pour l'Italie” et rattaché à la majorité, Gianfranco Fini a en effet clairement dit que la guerre ne fait que commencer. “Nous soutiendrons le gouvernement, mais nous voterons au nom de la légalité contre les lois qui lèsent les intérêts du pays”, a d'ailleurs souligné le président du Parlement, hier après-midi. Autant dire que le temps des lois cousues sur mesure pour Silvio Berlusconi est révolu. Le Cavaliere qui sent le pouvoir vaciller entre ses mains pourrait donc demander la tenue d'élections anticipées à l'automne prochain, si sa situation politique devenait intenable. Le président Giorgio Napolitano pourrait désigner un cabinet intérimaire pour expédier les affaires courantes jusqu'à de nouvelles élections. Napolitano, ancien communiste qui s'est fréquemment opposé à Berlusconi, s'est entretenu de la crise avec des dirigeants de l'opposition qui réclament la démission du président du Conseil.