NEW YORK (Nations-Unies) - Plusieurs dirigeants africains ainsi que la Grande-Bretagne ont appelé vendredi les Nations Unies à accorder au continent africain un siège permanent au Conseil de sécurité, soulignant que 65 ans après sa création, l'ONU reste enlisée dans l'héritage du passé. ''Préserver à tout prix le statu quo, c'est tourner le dos aux changements radicaux qui se sont produits à travers le monde'', a regretté le président sénégalais Abdoulaye Wade lors de la deuxième journée du débat annuel de l'Assemblée générale des Nations Unies. Fondé avec 51 Etats membres en 1945, l'ONU est passée maintenant à 192 membres, a souligné le président sénégalais en observant que le Conseil est un organe pourtant destiné à refléter la volonté collective. ''Sommes-nous prêts à définir un nouvel ordre mondial dans lequel l'Afrique et les puissances émergentes joueront pleinement le rôle que l'évolution de la situation leur a conféré?'', s'est-il demandé. ''Comment, en effet, peut-on concevoir un rôle crédible pour notre organisation dans le monde de la gouvernance alors que l'Afrique, qui occupe 70 pc de l'ordre du jour du Conseil, ne dispose pas de siège permanent". A l'heure actuelle, seuls les cinq membres permanents (Chine, France, Russie, Royaume-Uni et Etats-Unis) ont le droit de veto. Tous les cinq ont été des alliés victorieux lors de la Seconde Guerre mondiale. ''Si de nombreuses décisions du Conseil sont aujourd'hui remises en question et leur exécution insuffisante, c'est parce qu'elles sont davantage perçues par la grande majorité des Etats-membres comme l'expression d'intérêts nationaux au nom de la communauté des nations'', a-t-il considéré. De son coté, le président gabonais Ali Bongo a également appelé l'ONU à s'adapter aux bouleversements du contexte international. "A une époque où la démocratisation de la gouvernance mondiale est devenue une nécessité, je tiens à réaffirmer devant cette tribune les aspirations de l'Afrique à occuper pleinement sa place dans le concert des nations", a-t-il soutenu. "Il me semble que le moment est venu pour l'Afrique pour, non seulement, avoir un siège permanent au Conseil de sécurité mais aussi pour assumer toutes ses responsabilités en tant qu'acteur pleinement reconnu sur la scène internationale", a-t-il martelé. Le Royaume-Uni a également appelé à une refonte radicale de l'ONU y compris par l'élargissement du Conseil de sécurité. Dans son intervention au débat général, le vice-Premier ministre britannique, Nick Clegg, a estimé que la réforme était indispensable. Sur ce point, il a affirmé que la position du Royaume-Uni était ''claire et sans équivoque'' dans son soutien à l'octroi de sièges permanents au Conseil de sécurité au profit du Brésil, l'Inde, l'Allemagne, le Japon ainsi qu'à une représentation pour l'Afrique. "Nous devons insuffler une nouvelle vie dans nos institutions et une nouvelle confiance dans l'expression de nos idéaux ", a noté le représentant britannique.