Les militaires israéliens ont manifesté "une violence totalement inutile" lors de l'agression de la flottille de la liberté dans les eaux internationales au large de Ghaza, en mai dernier, a déclaré, lundi à Genève, le juge Karl Hudson-Phillips, chef de la Mission internationale indépendante d'établissement des faits créée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Neuf civils turcs ont été tués et plusieurs autres ont été blessés lors de cette agression contre cette flottille de navires de la solidarité partis de Turquie pour acheminer de l'aide à la population de Ghaza, soumise à un blocus injuste par l'occupant israélien depuis 2007, rappelle-t-on. La mission, différente du panel de personnalités créé début août par le secrétaire général de l'ONU pour examiner le même incident, estime que le comportement des militaires israéliens envers les passagers de la flottille a été "disproportionné et excessif", a souligné le juge Hudson-Phillips devant le Conseil des droits de l'homme à qui il présentait le rapport de 56 pages rédigé par la Mission. Le rapport, publié la semaine dernière, estime que l'arraisonnement en haute mer du Mavi Marmara, l'un des navires faisant partie de la flottille, était "clairement illégale". Les trois membres de la mission estiment qu'il y a suffisamment de preuves pour entraîner des poursuites criminelles contre Israël et regrettent que le gouvernement israélien ait refusé de coopérer avec la mission. Selon le juge Hudson-Phillips, aucune arme n'a été saisie à bord des navires de la flottille à l'exception de quelques lance-pierres et quand il est apparu que les forces israéliennes avaient l'intention de monter à bord du Mavi Marmara, un très petit groupe de passagers s'est armé de morceaux de bois et de fer arrachés des garde-fous du navire. "Il n'y a pas de preuve que des coups de feu ont été tirés du Mavi Marmara en direction des navires transportant des militaires israéliens", a ajouté le juge, révélant en outre que les militaires israéliens ont tiré des balles réelles contre les passagers du Mavi Marmara, tuant neuf d'entre eux et en blessant plus de 50 autres , six des personnes décédées ont été victimes d'exécutions sommaires, deux ont été abattues après avoir été grièvement blessées et alors qu'elles ne pouvaient pas se défendre". Selon le juge, la Mission du Conseil des droits de l'homme a aussi constaté que les forces d'occupation israéliennes, après avoir pris le contrôle du Mavi Marmara, ont menotté pratiquement tous les passagers et les ont fait rester à genoux pendant des heures. Quand elles les ont débarqués au port d'Ashdod, elles ont tenté de leur faire signer des confessions selon lesquelles ils étaient entrés illégalement en Israël. Ceux qui ont refusé de signer ou de donner leurs empreintes digitales ont été tabassés, accuse le rapport. La mission, présidée par le juge K. Hudson-Phillips, ancien juge à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, composée de M. Desmond de Silva, ancien procureur au Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL) et Shanthi Dairiam, ancien membre du Comité pour l'élimination de la discrimination contre les femmes, a auditionné plus de 100 témoins à Genève, Londres, Istanbul et Amman.