La campagne électorale pour la présidentielle du 31 octobre en Côte d'Ivoire a enfin démarré après une décennie de crise politique majeure et plusieurs reports du scrutin depuis 2005, date de la fin du mandat constitutionnel du président Laurent Gbagbo, candidat à sa propre succession. L'ouverture vendredi de la campagne électorale constitue un nouveau pas vers le règlement définitif de la crise politico-militaire née du coup d'Etat manqué contre Gbagbo, qui a divisé ce pays de l'Afrique de l'Ouest entre un sud loyaliste et un nord tenu par l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN). Ainsi, chacun des 14 candidats en lice pour le scrutin présidentiel, dont les principaux sont le président sortant Gbagbo, l'ex-chef de l'Etat Henri Konan Bédié et l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara, essaie pendant deux semaines, de vanter les mérites de son programme avec l'espoir d'accrocher le maximum d'électeurs. Dans son programme, M. Gbagbo qui a entamé sa campagne à Man (ouest), insiste sur le "développement" estimant que "la paix est déjà gagnée" alors que Henri Konan Bédié, promet de placer l'expérience "au service de la jeunesse". Quant à Alassane Ouattara, il prône "l'unité et la paix" et propose ses "solutions", notamment "un million d'emplois" pour les jeunes. Ces trois prétendants surnommés les "Trois Grands" s'affronteront pour la première fois lors d'un scrutin présidentiel dans le cadre duquel plus de 5,7 millions d'Ivoiriens doivent les départager le 31 octobre. Par ailleurs, le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans la crise ivoirienne, a lancé "un appel solennel" pour "une campagne électorale sans violence". De son côté, le représentant spécial de l'ONU en Côte d'Ivoire, Youn-jin Choi, a exhorté tous les candidats à la "maturité" en se disant "convaincu que le peuple ivoirien ne tolérera aucun acte de violence qui pourrait perturber le processus électoral", en cours dans cette ex-colonie française. Le représentant onusien a, en outre, réitéré la disponibilité des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) et de la communauté internationale à poursuivre leur aide et leur soutien au peuple ivoirien et à ses dirigeants "en vue de parvenir à l'établissement d'une paix durable dans leur pays". Le président de la Commission électorale indépendante (CEI), Youssouf Bakayoko a, quant à lui, prôné "la plus grande sagesse". Pour sa part, le secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-moon, qui s'est félicité du démarrage officiel de la campagne électorale, a "exhorté" toutes les parties à mener leur campagne "dans le calme et dans le même esprit de consensus que lors de la signature de l'Accord politique de Ouagadougou", selon son porte-parole Martin Nesirky. Signé en mars 2007 entre le camp présidentiel et les anciens rebelles des Forces nouvelles (FN) de Guillaume Soro, actuellement Premier ministre du pays, l'accord de Ouagadougou (Burkina Faso) prévoit la réunification du pays et l'organisation d'élections "libres et transparentes". En prévision de la présidentielle ivoirienne, l'armée du pays a annoncé avoir validé un plan de sécurité visant essentiellement à assurer le bon déroulement du scrutin. Le chef d'état-major de l'armée ivoirienne, le général Philippe Mangou a exprimé sa confiance quant à l'efficacité de ce plan malgré quelques "problèmes logistiques" relatifs notamment aux moyens de locomotion et de communication pour les éléments chargés de la sécurisation de l'élection. La mission de sécuriser le déroulement des élections est confiée au Centre de commandement intégré (CCI), état-major mixte des deux forces ex-belligérantes, a-t-on indiqué.