La crise ivoirienne, née d'un coup d'Etat manqué en 2002, qui a coupé le pays en un nord ex-rebelle et un sud loyaliste, se réglera-t'elle après la prochaine élection présidentielle ? La Côte d'Ivoire, royaume de l'éternel report des élections depuis le terme du mandat de Laurent Gbagbo, échu voilà quatre ans, - dernier en date celui du 29 novembre prochain- renouera prochainement avec les urnes. «La Côte d'Ivoire n'a jamais été aussi près d'organiser des élections libres et démocratiques», déclare Gbagbo. Les Ivoiriens qui ont voté en 2000 pour la dernière fois se demandent si cette «élection» qu'ils souhaitent «juste, transparente et crédible», permettra la stabilité politique du pays ou constituera une cause pour un conflit post-électoral. Après la décision du Conseil constitutionnel de rendre publique la liste des 14 candidats à l'élection présidentielle sur les 20 déclarations enregistrées, la Commission électorale indépendante (CEI) annonce qu'elle procédera à partir d'aujourd'hui à l'affichage des listes électorales, à Abidjan et de demain au niveau national pour établir après la liste définitive. Selon le patron de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI), Young-jin Choi : « l'affichage de la liste dans les 11.000 centres d'électeurs se fera pour un mois et huit jours de contentieux sur l'ensemble du territoire national » et 5.300.586 personnes figurent sur la liste provisoire sur les 6.384 253 inscrites, soit un taux de 83%. «Il ne reste plus que 1.033.985 de cas litigieux soit un peu plus de 16% du nombre global», dit-il. Certains médias ivoiriens évoquent l'existence de deux listes, une pour plus de 4,3 millions d'électeurs validés et une «liste à litiges» comprenant les quelque 1,9 million de personnes dont la nationalité reste inconnue. Selon les responsables de la CEI, la date du prochain scrutin pourrait être programmée vers mars avril 2010. « On a 38 jours pour les contentieux et 7 semaines pour l'établissement des listes définitives, de la distribution des cartes et de la campagne ». Sur les vingt candidats à la candidature, quatorze, présentés comme des poids lourds de la scène politique ivoirienne, ont été retenus pour prendre part à la prochaine présidentielle. Les six ont été rejetés pour dossiers incomplets. Alassane Dramane Ouattara, écarté de la présidentielle de 2000, la nationalité lui ayant été contestée et Dolo Adama dit Adama Dahico, l'humoriste d'origine malienne sont sur la liste des retenus par le Conseil constitutionnel aux côtés de Laurent Gbagbo, de l'ancien président Aimé Henri Konan Bédié, Mabri Toikeusse, leader de l'Union pour la démocratie et la paix, ont été également validés par le Conseil constitutionnel. Sans oublier la seule représentante du genre féminin à cette élection, Jacqueline Oble, l'ex-ministre de la Justice. Selon les analystes, le fauteuil présidentiel se jouera entre Gbagbo, Bédié et Ouattara, qui dominent la vie politique ivoirienne depuis la mort du « père de la nation » Félix Houphouët-Boigny en 1993. Les politiques, notamment l'opposition préconisent quelques conditions pour la tenue du prochain scrutin : une liste électorale fiable, la sécurité des électeurs et la liberté pour les candidats de faire campagne sans être inquiété.