Les participants à la conférence internationale sur l'écriture de l'histoire nationale ont souligné jeudi à Alger la nécessité d'utiliser tous les outils scientifiques disponibles dans l'écriture l'histoire, en particulier celle de la période coloniale et de la Révolution. C'est dans ce cadre que le chercheur Mohand Arezki Ferad, spécialisé dans l'héritage culturel en Kabylie, a insisté, dans une conférence intitulée "La lecture colonialiste de la société Zouaouie", sur la nécessité d'étudier tout ce qui a été écrit par les historiens français sur l'Algérie et qui depuis le début de la colonisation allait dans le sens, a-t-il dit, de "consacrer le projet colonialiste" et semer la division parmi les enfants de ce pays. Il a cité parmi ces historiens français, qui ont manifesté un intérêt pour la Kabylie, l'anthropologue Adolph Hanonteau qui a réalisé des études approfondies, dès le 19ème siècle, sur les traditions et les coutumes des habitants de la Kabylie. Cet anthropologue, a ajouté Mohand Arezki Ferad, s'est particulièrement intéressé au mode de vie des Kabyles et à leur langue Amazighe afin, de comprendre leurs règles et normes sociales et assimiler leur culture dans le but de les maintenir sous la domination colonialiste. C'est dans ce sens qu'il a souligné que Hanonteau "considérait dans ces écrits que les Kabyles étaient différents du reste des habitants de l'Algérie, ce qui faciliterait leur assimilation à la culture européenne". "Ce genre d'écrits constitue un danger pour les lecteurs et pour les générations actuelles d'Algériens, surtout après leur réédition ces dernières années", a-t-il averti. Il a conclu son intervention en relevant que "les écrits de Hanonteau comporte des vérités mais, aussi, du venin, en déformant les coutumes des habitants de la Kabylie et l'histoire de plusieurs personnalités héroïques de la région, à l'instar de Lala Fadhma N'Soumer", appelant, à ce sujet, les chercheurs algériens à réécrire l'histoire de cette héroïne nationale. De son côté, Nadhira Chetouane, du département Histoire de l'université d'Alger, a souligné "le rôle de la source orale dans l'écriture de l'histoire nationale". Elle a estimé, à ce propos, que le récit oral est "une source principale devant l'absence de documents écrits relatifs aux événements". Elle a affirmé, dans ce cadre, que "de nombreux événements survenus durant la guerre de Libération nationale sont retenus dans le récit oral, eu égard à la nature de l'action révolutionnaire et l'activité clandestine". Reconnaissant les limites scientifiques du récit oral dans l'écriture de l'histoire, au regard des considérations subjectives du témoin ou de l'acteur ayant une relation avec l'événement étudié, Mme Chetouane a insisté sur "l'importance" de cette source dans l'écriture de l'histoire de l'Algérie. Le président du Conseil scientifique de la faculté des Sciences humaines de l'université d'Oran, le Dr Abdelmadjid Benaima, a mis l'accent, dans son intervention intitulée "Les manuscrits comme source dans l'écriture de l'histoire", sur le rôle de cet outil dans l'enregistrement des événements historiques et leur archivage. C'est, ainsi, qu'il a estimé que "les manuscrits sont une source importante dans l'écriture de l'histoire culturelle, sociale et politique de l'Algérie durant la période médiévale ou contemporaine". Le Dr Mohamed Salah Bouchakour de l'université de Chlef a évoqué, dans une intervention au sujet des sources de l'histoire coloniale en Algérie, la question des archives des banques, à partir de 1849, pour comprendre comment le colonialisme avait pu asseoir son emprise économique dans le pays. Le recteur de l'université Emir Abdelkader de Constantine, Abdallah Boukhelkhal, a, de son côté, appelé à la création d'un Haut conseil de la mémoire, estimant que la question de l'histoire est l'affaire de tous les secteurs et institutions de la République.