Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a lancé un projet de réforme visant à "améliorer les critères de représentation" en son sein, point d'achoppement entre certaines de ses composantes. Concernant le mode de représentation, basé actuellement sur un critère physique (mètre carré), un processus électoral combiné a été reconduit, avec la désignation directe par les principales Fédérations rattachées au CFCM. "Pour atténuer les conséquences, parfois négatives, de la compétition électorale, assurer une représentation équilibrée des principales composantes et renforcer l'esprit de fraternité, de coordination et d'entraide entre elles, la part des désignés par celles-ci a été renforcée", est-il indiqué dans le projet de réforme dont l'APS s'est procurée une copie. Selon le CFCM, ce choix a été motivé, également, par la "difficulté de dégager d'autres critères de substitution ou de complément significatif au critère dit du mètre carré". Il a été aussi proposé de rallonger la durée du mandat qui passe à 4 ans, au lieu de trois ans présentement, et de réduire le nombre des membres de l'Assemblée générale et d'augmenter, en contrepartie, celui du conseil d'Administration. Seulement, cette réforme ne semble pas faire l'unanimité au sein du Conseil. Une de ses principales composantes, en l'occurrence l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), a exprimé son "désaccord" sur le texte proposé. Dans une correspondance au président du CFCM, l'Union "considère que la situation actuelle du CFCM nécessite une réforme qui ne peut se limiter au seul aspect structurel. Et les positions actuelles des principales composantes du Conseil ne permettent pas la sérénité requise pour le faire évoluer". L'Union estime aussi qu'il y a "nécessité d'approfondir le débat et de continuer l'échange sur ce sujet", appelant à la tenue d'un second séminaire sur "l'avenir du CFCM qui (à) permettra sûrement de faire évoluer nos positions et rapprocher nos points de vue". Un premier séminaire s'est tenu entre le 30 avril et le 2 mai derniers. Il a permis de faire une première synthèse et de dégager des propositions d'ordre statutaire ou réglementaire qui ont été insérées dans le projet de réforme. Ces propositions devaient être soumises octobre courant au conseil d'administration puis à l'Assemblée générale du CFCM. Le refus du projet de réforme pare l'UOIF s'ajoute à celui de la Grande mosquée de Paris (GMP) qui juge impérative une refonte "totale" de la grille de pondération électorale basée sur le m2. Pour la GMP, il est aujourd'hui établi que le processus électoral de représentation du CFCM est "injuste", car ne traduisant pas la réalité sociologique des musulmans de France. Dans une correspondance au CFCM, la GMP a rappelé "avoir toujours sollicité que l'on tienne compte de l'ancienneté des mosquées et de la démographie, des mosquées dotées d'imams pour la prière de vendredi et d'une école coranique, et, enfin, du critère de fréquentation des mosquées". Contacté, le président du CFCM, Mohammed Moussaoui, a estimé qu'il est "impossible de pondérer le critère du m2, du fait que les autres critères proposés par certaines composantes du Conseil sont difficile à apprécier et ne feraient que compliquer la tâche du comité électoral". Il a annoncé la tenue en décembre prochain d'un deuxième séminaire pour, a-t-il souhaité, "finaliser" le projet de réforme. Cette décision a été prise mardi soir par le bureau exécutif du CFCM, qui a aussi jugé "utile" de prolonger les échanges entre les Fédérations composant le Conseil autour du projet de réforme, a jouté M.Moussaoui.