Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a prononcé jeudi au siège de la Cour suprême à Alger une allocution à l'occasion de l'ouverture de l'année judiciaire dont voici la traduction APS: Mesdames, Messieurs, "L'ouverture de l'année judiciaire est l'occasion de rappeler l'intérêt que nous avons porté au secteur de la justice dans le cadre du processus de réformes que nous avons lancé et les plans de développement que nous avons initiés. "Nous avons, dés le début, adopté une série de réformes dont celle de la justice qui a constitué l'une de nos priorités. Cette réforme comporte des objectifs majeurs dont la réhabilitation de l'autorité de l'Etat, la suprématie de la loi et la protection des libertés individuelles et collectives pour asseoir la paix sociale et garantir l'exercice, par tous les citoyens, de leurs droits fondamentaux dans la sérénité et la justice. "Nous avons pris comme base de cette réforme, la révision de notre système judiciaire dans le but de l'adapter aux impératifs du développement politique, économique et social que vit notre société ainsi qu'à nos engagements internationaux. "Notre souci a également été axé sur le soutien et la promotion du magistrat afin qu'il puisse occuper la place sociale qui lui revient tant il est vrai qu'il constitue l'élément central de la dynamique de relance de la justice. Le but étant de l'amener à assumer son rôle dans la protection des droits et libertés et la moralisation de la vie publique avec pour objectif d'imprimer une crédibilité aux institutions de l'Etat. "Cet intérêt s'est élargi pour englober l'augmentation sensible du nombre de magistrats, accompagnée d'une amélioration de leur niveau de formation et de compétence pour faire face au nombre considérable d'affaires et pour assurer une meilleure maîtrise de leur traitement."Notre souci a été aussi orienté vers la mise en place des conditions humaines, matérielles et morales susceptibles d'amener les magistrats à exercer leurs fonctions dans le strict respect des droits et obligations stipulés dans la constitution et le statut de la magistrature afin qu'ils puissent concrétiser la suprématie de la loi. "L'introduction des technologies de l'information et de la communication dans notre institution judiciaire permet une plus grande efficacité et une célérité dans les prestations offertes aux citoyens et aux justiciables tout en contribuant à la modernisation de l'administration judiciaire. "Outre ces mesures nous avons introduit les réformes pénitentiaires en optant pour le système moderne de détention conformément aux normes internationales, à nos valeurs authentiques et en adéquation avec les conventions et accords ratifiés par notre pays. Mesdames, Messieurs, "Si la justice a pour rôle de garantir la démocratie et protéger les libertés et les droits de l'homme car pilier important de la consécration de l'Etat de droit, ses mission sont tout aussi essentielles dans l'édification d'une société saine et la réalisation du développement global. "Dans cet esprit, l'Etat a pris des mesures qui confèrent de larges prérogatives au pouvoir judiciaire dans la gestion et le contrôle à travers les officiers de la police judiciaire et ses agents pour instaurer la sécurité et la stabilité, lutter contre le crime, dans toutes ses formes, et ce, dans le respect de la protection des libertés et des droits et de la présomption d'innocence, stipulés dans la constitution et le code de conduite dans la législation nationale". "En vue de conférer à l'action du pouvoir judiciaire toute l'efficacité qui lui permettrait de lutter contre les fléaux sociaux, à leur tête le crime organisé et la corruption sous toutes ses formes, nous avons mis sur pied une instance nationale de lutte contre la corruption, dotée d'un outil opérationnel, l'Office central de répression de la corruption. "Nous avons également procédé à l'installation de pôles judiciaires à compétences territoriales élargies, chargés de poursuivre et juger les auteurs de crimes organisés qui tendent à devenir de plus en plus graves et pourraient, s'ils venaient à prendre d'autres proportions, entraver le développement national et porter atteinte à l'économie du pays. "Cette année a également vu l'installation des tribunaux administratifs qui viennent ainsi consolider les compétences de la justice administrative lorsqu'il s'agit de se prononcer sur les actions en justice introduites par les citoyens et impliquant l'Administration. "En vue d'améliorer les prestations judiciaires, les notaires, huissiers et autres auxiliaires de justice dont le nombre a considérablement augmenté durant ces trois dernières années ont bénéficié d'une formation continue en adéquation avec les développements économiques et mutations sociales que connaît notre pays. "Aussi, pour régir la profession d'avocat, le gouvernement a élaboré un projet de loi consacrant le droit à la défense à même de préserver les droits et libertés et adopté l'arbitrage, la conciliation et la médiation en tant que mesures alternatives de règlement des litiges dans la perspective de réduire le nombre des affaires portées devant les tribunaux. "Autant de réformes qui ont porté leurs fruits et profité à la société et au pays notamment aux volets socio-économique et sécuritaire à travers la réduction de la criminalité ce qui a permis l'instauration d'un climat de sécurité et de stabilité. "Ainsi, et au regard de ces acquis palpables, le champ de responsabilité du secteur de la justice se définit par la prise en charge des préoccupations des citoyens et de leurs aspirations légitimes à une vie sereine où ils peuvent exercer leurs droits en toute sécurité et liberté. "Si tous ces acquis et fruits de la réforme de la justice au niveau des missions qui incombent à l'Institution judiciaire dans sa relation avec les citoyens et justiciables, ont contribué à hisser les compétences des magistrats et auxiliaires de justice, il ne faut cependant pas occulter l'objectif suprême qui consiste à inciter l'individu au strict respect de la loi dans ses relations avec autrui, condition sine qua non de l'instauration de la paix sociale". Mesdames et Messieurs, "Partant de la conviction que la réforme de la justice n'est qu'un maillon de la chaîne d'instruments de lutte contre les fléaux sociaux et leurs manifestations au sein de la société, nous l'avons soutenue par le lancement de grands projets de développement dans tous les domaines. Des projets qui profitent aux citoyens et tendent à éliminer les poches de précarité qui sont autant de causes et vecteurs de la propagation des vices et de l'accroissement du crime dans la société. "L'édification de l'Etat de droit et la consécration de ses fondements ne se limite pas à la mise en place d'un pouvoir judiciaire et à l'introduction de législations visant à réprimer et sanctionner les contrevenants. Il s'agit pour les différentes autorités et autres institutions publiques de veiller à l'application des lois régissant la vie publique, qui relèvent de leurs prérogatives, afin que la Loi s'applique à tous et en toute circonstance. Il est également question, pour ces autorités, d'assumer leur responsabilité dans la modernisation des services publics au profit des citoyens. Mesdames et Messieurs, "Je tiens enfin, à saluer les avancées enregistrées par le secteur de la justice en matière d'amélioration de ses prestations en direction du citoyen et de ses rapports avec les justiciables. Je salue également l'institution judiciaire pour la place de choix qu'elle occupe au regard des compétences, du professionnalisme et du respect des principes et fondements du procès équitable. Tout ceci a valu davantage de crédibilité au secteur de la justice. "Je prie Dieu Le Tout Puissant de couronner vos travaux de succès et vous présente mes vœux, les meilleurs, à l'occasion de la nouvelle année judiciaire que je déclare ouverte. Je prie Dieu de nous guider dans l'accomplissement de notre devoir national pour le bien du pays et du citoyen".