Le président sahraoui Mohamed Abdelaziz a lancé jeudi depuis Paris un appel "urgent" pour que soit levé le blocus imposé par les forces marocaines dans les campements sahraouis dans les territoires occupés. "Je lance, du haut de cette tribune, un appel urgent pour que soit levé le blocus imposé par les forces marocaines à ces campements afin de permettre l'acheminement de médicaments et de vivres, et la visite de la presse et des observateurs internationaux", a-t-il déclaré lors d'une rencontre à l'Assemblée française, préambule à la 36e conférence européenne de soutien au peuple sahraoui (EUCOCO) qui s'ouvre vendredi au Mans. Le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) a estimé la situation dans ces campements, qui accueillent quelque 20.000 Sahraouis répartis dans 8.000 tentes, "préoccupante et ne cesse de se détériorer", rappelant que les forces d'occupation ont "tiré à balles réelles sur des citoyens sahraouis sans défense, tuant un enfant de 14 ans, El Garhi Najem, et blessant cinq autres". Pour le président Abdelaziz, également secrétaire général du Front Polisario, une telle situation constitue "une réelle menace pour la paix dans la région et risque de d'anéantir les efforts consentis à ce jour par l'ONU et rendre improbable la reprise des négociations entre le Front Polisario et le Maroc". Un troisième rencontre informelle entre les deux parties en conflit est prévu début novembre, à la demande du représentant personnel du secrétaire général de l'ONU, Christopher Ross, qui a effectué la semaine dernière une tournée dans la région pour convaincre les belligérants à retourner à la table des négociations. Revenant à la conférence, il a observé que celle-ci se tient à un moment "important" du conflit de décolonisation du Sahara occidental, indiquant que la situation de milliers de Sahraouis dans les environs de la ville occupée d'El Ayoun "interpelle la conscience humaine". "C'est la démonstration manifeste de l'attachement de notre peuple à ses droits, mais aussi un cinglant démenti à la propagande marocaine sur une prétendue prospérité dans les territoires et l'acceptation de son peuple du fait accompli", a-t-il dit. Le président de la RASD a rappelé, dans ce contexte, la "grande" responsabilité de l'Europe dans la "pérennisation du conflit", estimant que le Vieux continent "ferme les yeux devant la situation désolante actuelle et participe au pillage des ressources naturelles du territoire". Il a fustigé la position "prédominante" de la France qui, "quitte à renoncer aux principes des droits de l'homme, a toujours privilégié l'alignement sur les thèses de l'autre partie au conflit au détriment de la légalité et d'une relation équilibrée avec tous les peuples de l'Afrique du Nord-Ouest et du Maghreb", a-t-il regretté. La conférence à l'Assemblée française s'est tenue en présence notamment d'élus et de députés européens, algériens, de l'Asie et de l'Amérique latine, du président de l'Eucoco, Pierre Galand, et de militants des droits de l'homme dont Aminatou Haidar. A Washington, l'association internationale de défense des droits de l'homme Amnesty International a appelé mercredi les autorités marocaines à engager immédiatement une enquête sur le meurtre du jeune sahraoui Najem Garhi (14 ans) abattu dimanche dernier par des militaires marocains. "Les détails troublants sur cet assassinat doivent être étudiés immédiatement et de façon transparente", a déclaré Amnesty International dans un communiqué. "Le Maroc doit montrer qu'il n'a pas violé les règles établies par l'ONU sur l'utilisation des armes à feu, ou qu'il n'a pas eu recours à un abus de force pour bloquer l'accès aux vivres au camp de protestation des Sahraouis'', a-t-elle souligné. Selon ses proches, note Amnesty international, le jeune Najem Garhi a été abattu le 24 octobre par des militaires marocains alors qu'il se trouvait dans une voiture transportant des approvisionnements alimentaires vers un camp mis en place par les manifestants sahraouis réclamant la fin de leur marginalisation économique par le gouvernement marocain. Par ailleurs, l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH) a appelé les autorités marocaines à ouvrir "une enquête immédiate, indépendante et impartiale" sur les conditions de l'assassinat d'un jeune Sahraoui de 14 ans et des blessures causées à cinq autres jeunes. Des membres de l'AMDH, qui se sont rendus à l'hôpital El Hassan El Mehdi pour rendre visite aux victimes, ne sont pas parvenus à y accéder en raison du dispositif sécuritaire mis en place autour de l'hôpital, a indiqué un communiqué de l'Agence de presse sahraouie (SPS), citant l'AMDH. A Madrid, La coordination générale des associations espagnoles d'amitié et de solidarité avec le peuple sahraoui, a appelé l'ONU à "intervenir immédiatement" pour assurer la sécurité des citoyens sahraouis au camp "el-Istiqlal" (est de la ville occupée d'El-Ayoun). Enfin, une enveloppe de 10 millions d'euros vient d'être alloué par la Commission européenne en faveur des réfugiés sahraouis afin de leur apporter une aide humanitaire et alimentaire, a annoncé jeudi la commission dans un communiqué. Cette enveloppe permettra de leur fournir une nourriture "variée et régulière", et contribuera également à "améliorer leur situation humanitaire en garantissant un accès suffisant à des installations et services essentiels, tels que des soins de santé, de l'eau salubre et des équipements d'assainissement adéquats, des tentes et un appui logistique", souligne-t-on de même source. "L'une de mes priorités en tant que commissaire chargée de l'aide humanitaire et de la réaction aux crises est d'attiser l'attention sur les victimes des crimes humanitaires qui ne font plus la une des journaux, les réfugiés sahraouis pâtissent d'une crise qui figure parmi les plus anciennes tombée dans l'oubli", a déclaré Mme Georgieva, membre de la Commission européenne, à ce sujet..