Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a souligné dimanche à Alger le renforcement par l'Etat du contrôle des deniers publics et des mesures de lutte contre la corruption et de prise en charge de la jeunesse au mieux des intérêts du pays. Au sujet de la lutte contre la corruption, l'Etat a consolidé les moyens et mécanismes de contrôle à travers la formation et la mise à niveau des cadres en charge de la gestion des deniers publics ainsi que l'élargissement des missions des contrôleurs publics à toutes les communes du pays, a affirmé M. Ouyahia qui répondait aux questions des députés de l'Assemblée populaire nationale (APN) au sujet de la déclaration de politique générale du gouvernement. Outre la désignation de magistrats et d'experts auprès des institutions publiques et des ministères, en vue de l'examen des marchés publics, M. Ouyahia a rappelé l'instruction donnée aux entreprises publics de recourir aux prestations des avocats. Le Premier ministre a également évoqué l'alourdissement des peines prévues par les lois amendées en matière de lutte contre la corruption, affirmant qu'elles "seront rigoureusement appliquées". L'Etat veille, parallèlement à la lutte contre la corruption, à assurer une meilleure prise en charge sociale des préoccupations du peuple, tant au plan de la santé qu'à celui de l'éducation ou de l'enseignement, a-t-il ajouté par ailleurs. L'Etat ne reviendra pas sur le principe de gratuité de la médecine, a tenu à souligner le Premier ministre, précisant que le ministère de la Santé s'était lié contractuellement avec la sécurité sociale pour la prise en charge de la santé du citoyen dans le cadre du renforcement du contrôle des deniers publics. Le prochain plan quinquennal prévoit la formation de 11.000 médecins spécialistes, "ce qui permettra de combler largement le déficit enregistré dans certains hôpitaux et cliniques, notamment dans les wilayas du sud du pays", a-t-il dit, rappelant que les universités algériennes formaient 5.000 médecins tous les cinq ans. Au sujet de l'enseignement supérieur, le Premier ministre a précisé que les diplômes du système "LMD" étaient reconnus par la Fonction publique, de même pour le recyclage dont bénéficient les enseignants des cycles primaire et moyen. S'exprimant sur le chômage, M. Ouyahia a affirmé que contrairement à ce qui est rapporté, le gouvernement "ne manipule pas les chiffres du taux de chômage en Algérie estimé à 10,25%", citant à cet effet les programmes de développement lancés au niveau national et qui contribuent "grandement" à la lutte contre ce phénomène. En réponse à une intervention d'un député qui "prétend que le pouvoir a déclaré une guerre économique contre la Kabylie", M. Ouyahia a affirmé que "les wilayas de Tizi-Ouzou et Béjaïa bénéficieront de plusieurs structures sanitaires et universitaires dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014. Le Premier ministre a affirmé qu'Alger restera la capitale du pays et que la nouvelle ville de Boughezzoul "constituera un pôle de développement fort d'importantes structures et un carrefour où se croiseront plusieurs autoroutes et rails reliant les hauts plateaux". Par ailleurs, M. Ouyahia a évoqué la question de la société Djezzy affirmant que l'Etat algérien "acquerra définitivement" cette société et qu'il ne "traite qu'avec la partie cosignataire du contrat, à savoir Orascom Telecom Holding (OTH) et nulle autre partie". "Les chiffres balancés concernant la valeur de cette société ne nous intéressent point", a précisé le Premier ministre précisant que les experts "qui seront prochainement désignés seront chargés de définir la valeur de la société". "Si les deux parties ne parviennent à aucun accord, une tierce partie pourrait alors intervenir pour définir cette valeur, conformément aux normes internationales en vigueur", a-t-il ajouté. La concrétisation de l'acquisition par l'Algérie de la société "Djezzy" est tributaire de quatre conditions. Le groupe Orascom Telecom Holding (OTH) doit, de prime abord, assainir sa situation fiscale vis-à-vis de l'Etat algérien "pour lequel il est redevable de la somme de 17 milliards DA", a-t-il précisé. La deuxième condition énumérée par le Premier ministre concerne le règlement par la société Djezzy de sa dette contractée auprès d'autres parties en Algérie dont l'Autorité de régulation de la Poste et des télécommunications (ARPT) et le règlement de la situation des travailleurs de la société de téléphonie fixe dissoute "Lacom", dont les salaires n'ont pas encore été versés. Quant à la troisième condition, la société se doit d'appliquer la "décision souveraine" de la justice concernant la plainte déposée par la Banque d'Algérie pour fraude dans le transfert et la législation des changes pour 190 millions de dollars.Quatrièmement, et conformément à la législation algérienne, la société Djezzy doit payer 20% de la plus-value à l'Algérie au moment de la vente. Dans l'attente de l'acquisition par l'Algérie de la société Djezzy, "les intérêts économiques du pays demeurent préservés, car le propriétaire de la société est interdit depuis deux ans d'effectuer des transferts, car n'ayant pas assaini sa situation vis-à-vis des impôts et en raison des accusations portées contre lui pour violation de la législation des changes". Par ailleurs, M. Ouyahia a mis en avant la nécessité "d'accompagner la croissance par le développement humain" et de réhabiliter la justice, une mission que "l'Etat accomplit au mieux depuis que le pays est sorti de la tragédie". La confiance ne peut être instaurée "dans l'anarchie", mais plutôt à travers la préservation des intérêts du pays et de ses enfants, a précisé M. Ouyahia."Redonner confiance au peuple" est une responsabilité qui incombe à tous à travers la revalorisation de nos valeurs civilisationnelles et notre fidélité au serment fait aux chouhada", a-t-il dit.