Le démantèlement sanglant du "camp de la liberté" près de la capitale sahraouie, El-Ayoun, survenu le 8 novembre, continuait vendredi à faire réagir les médias italiens soutenant la cause sahraouie. Le journal de la centrale syndicale italienne, la CGIL, Lavoro e societa (Société de travail), dénonce "les mensonges" officiels marocains dans sa dernière édition, (18 novembre), sous le titre "massacre de manifestants pacifiques". "Les forces marocaines d'agression ont utilisé des balles réelles, des grenades lacrymogènes, des bâtons, des pierres et des canons à eau contre une population civile, pacifique et sans défense, constituée majoritairement de femmes, d'enfants et de personnes âgées", écrit Leopoldo Tartaglia, du département international de la CGIL. "L'agence de presse officielle marocaine (MAP) a annoncé quatre blessés parmi les Sahraouis, 2 morts et 70 blessés parmi la police et 65 arrestations. Un mensonge flagrant dans une tentative de masquer la brutalité du massacre", ajoute l'auteur. Il rappelle ensuite, la version de ce média selon laquelle les populations sahraouies du camp, revendiquaient le règlement de questions sociales, auxquelles "les autorités marocaines ont pris le soin d'apporter une réponse adéquate et satisfaisante". Pour le journal, cette source officielle, "a voulu taire la revendication d'indépendance", des protestataires sahraouis. "C'était une tentative pour cacher le sens politique de ces événements (survenus alors) à la veille de négociations entre le Maroc et le Front Polisario sous l'égide de l'ONU", souligne-t-il. L'auteur estime en outre, que le discours du roi Mohamed VI, à l'occasion du 35e anniversaire de "la marche verte", a été "le signal de l'attaque" de ce camp suivi d'un autre, selon lui, "l'expulsion (du staff) d'Al-Jazeera du Maroc, (jugé) témoin indésirable''. Pour sa part, le quotidien Rinascita (Renaissance), met en valeur la condamnation de la répression contre le peuple sahraoui par l'ONG de défense des droits de l'homme Human Rights Watch, en soulignant qu'il était "de plus en plus difficile" d'obtenir des nouvelles du Sahara occidental. "Tous les observateurs et les journalistes étrangers ont été expulsés" des territoires sahraouis, mais les critiques contre le gouvernement à Rabat n'ont pas cessé", écrit-il, ajoutant que Human Rights Watch, "l'une des rares ONG à avoir obtenu la permission de recueillir des informations sur place, a signalé les "mauvais traitements" infligés aux prisonniers sahraouis. Dans une interview accordée à la radio espagnole Cadena, un militant de cette ONG a parlé de "beaucoup de Sahraouis battus jusqu'à perdre connaissance, alors qu'un certain nombre de prisonniers observent la grève de la faim pour protester contre leurs conditions de détention", écrit-il. De son côté, le journal "Pane é Rose" (le pain et les roses), signale que "quatre manifestants sahraouis sont traduits devant un tribunal militaire et soixante-dix autres détenus sahraouis sont envoyés dans la tristement célèbre prison noire" d'El-Ayoun. "Ce qui est certain, c'est qu'en envoyant devant la Cour martiale les quatre militants, le Maroc a décidé d'utiliser la main forte contre ceux qu'il juge responsables de l'organisation du camp de protestation". Parmi ces manifestants, le journal cite Mohamed Burial et Naama Asfar, "deux militants très actifs dans la gestion de la ville-tente de Gdeim Izik sont accusés de +mise en place de gangs criminels pour commettre des actes criminels contre des personnes, participation à l'enlèvement et torture", écrit-il. "Le choix d'envoyer les quatre militants devant le tribunal militaire est un bond en avant dans la répression", constate-t-il. Interviewés par le journal dans le camp une semaine avant sa destruction, les deux militants sahraouis "ont fait montre d'un grand sens de la modération", souligne l'auteur, qui critique la position de l'Espagne, sur la situation au Sahara occidental."Pendant ce temps en Espagne, la situation au Sahara occidental ressemble à un colis piégé dans les mains du gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero", écrit l'auteur, pour qui la déclaration de Zapatero selon laquelle "le gouvernement donne la priorité aux intérêts de l'Espagne", justifiait "le silence significatif sur la répression" au Sahara occidental ainsi que "l'expulsion du territoire de plusieurs citoyens espagnols". Un autre journal, "Le temps", met en relief d'attitude du gouvernement espagnol face à la situation au Sahara occidental, en estimant que "les faits à El-Ayoun, ont un impact majeur sur la vie politique espagnole". Ce média rappelle que le gouvernement Zapatero "est attaqué" de droite (Parti populaire) et de gauche (communistes et écologistes) pour ses positions sur cette question. "Dans le passé, le PSOE (parti socialiste espagnol) et ses dirigeants étaient en faveur du Polisario, mais la coopération croissante entre Madrid et Rabat sur les questions de lutte contre le terrorisme, l'immigration clandestine et le trafic de drogue, ainsi que les craintes d'une déstabilisation du régime pro-occidental de Mohamed VI, ont profondément modifié l'attitude des socialistes espagnols par rapport à la cause sahraouie", explique-t-il.