Quelque 4,7 millions d'Haïtiens sont appelés aux urnes dimanche pour choisir un successeur au président sortant René Préval et désigner leurs futurs députés et sénateurs au moment où le pays, dévasté par un séisme en janvier dernier, fait face à une grave épidémie de choléra. Pour la présidentielle, 18 candidats sont en lice dont Jude Célestin, (48 ans), protégé du président sortant qui en a fait son choix pour lui succéder. Il est devenu favori alors qu'il était auparavant inconnu du grand public. Parmi les favoris du scrutin figure aussi Mirlande Manigat (70 ans). Placée en tête de certains sondages, elle a été quelque mois Première dame d'Haïti en 1988, sous la présidence de son mari Leslie Manigat. Seize autres candidats participent à la présidentielle haïtienne dont un chanteur populaire Michel Martelly (49 ans). Les sondages le présentent comme l'un des trois candidats les mieux cotés. Si aucun des 18 candidats ne recueille 50% des voix, un second tour est organisé entre les deux candidats arrivés en tête, a-t-on indiqué. Outre un successeur du président Préval à qui la constitution interdit de se représente, les électeurs haïtiens devront également élire 11 sénateurs pour un mandat de six ans. Une centaine de candidats sont en lice. Ils seront également appelés à désigner 99 députés parmi 850 candidats pour un mandat de quatre ans. A la veille du scrutin, le directeur du registre électoral national haïtien, Philippe RJ Augustin, a appelé les Haïtiens à aller voter "massivement" pour, a-t-il dit "éviter les fraudes". Sur le plan sécuritaire, plus de 12.000 militaires et policiers internationaux de la Mission de l'ONU pour la stabilisation d'Haïti (Minustah) sont mobilisés aux côtés de 9.000 policiers haïtiens pour sécuriser plus de 11.000 bureaux de vote. Jugées cruciales pour la stabilité d'un pays exsangue après le séisme dévastateur du 12 janvier 2010 qui a fait plus de 250.000 morts, les élections générales haïtiennes se tiennent malgré plusieurs appels au report du scrutin en raison de la grave épidémie de choléra qui ravage cette île des Caraïbes depuis la mi-octobre. Cette épidémie, qui a fait jusqu'ici plus de 1.600 personnes et entraîné plus de 25.000 hospitalisations, selon les chiffres officiels, a suscité des manifestations violentes dans tout le pays, notamment à l'encontre des casques bleus de l'ONU. En raison de ces violences, des manifestants ainsi que plusieurs candidats à la présidentielle ont demandé au gouvernement haïtien de repousser le scrutin pour mieux gérer la situation. Ces appels ont été rejetés par les autorités. Pour la chef de la délégation de l'Union européenne (UE) en Haïti, Lut Fabert, il est indispensable d'élire comme prévu dimanche un nouveau président et un nouveau parlement estimant que le report de ce scrutin "pourrait mettre en péril la stabilité politique en Haïti". "On est en pleine reconstruction d'un pays où on a besoin d'un gouvernement capable de gérer la situation. Il ne peut pas y avoir d'interruption dans l'élan mis en place après le séisme", a jugé Mme Fabert lors d'une conférence de presse. "Le choléra ne devrait pas empêcher les Haïtiens d'aller voter dimanche. Tout est prêt, la Minustah (mission de stabilisation de l'ONU en Haïti) est prête à assurer la sécurité", a affirmé la diplomate européenne. L'UE a dépêché une mission composée de sept experts électoraux pour analyser le processus électoral. Cette mission doit se pencher sur les aspects légaux et le déroulement du processus électoral mais ne fera pas de rapport sur la journée du vote, selon Marie Vilette César, chef de la mission de l'UE.