La succession d'évènements au Proche orient et l'impuissance des pays arabes à trancher sur de nombreux différends ont relancé le débat sur le rôle de la Ligue arabe ainsi que la réflexion sur le développement de l'action arabe commune pour relever les multiples défis auxquels fait face la région. Si l'idée du développement de l'action arabe commune a été posée avec vigueur lors du sommet arabe d'Alger en 2005, les problèmes engendrés par les différends autour des dossiers chauds tels que la situation dans les territoires palestiniens occupés et les crises en Irak et au Soudan ont poussé de nombreux pays membres de la Ligue arabe à soumettre leurs approches et visions concernant la réforme de l'organisation arabe pour le règlement des conflits entre les états arabes. La Ligue arabe a reçu au cours des mois passés des propositions de réforme de la part de certains pays que le secrétaire général Amr Moussa a soumis au sommet arabe extraordinaire de Syrte en octobre dernier. Les propositions portaient notamment sur la révision du système de vote au sein de la Ligue arabe, le remplacement de l'organisation arabe par "l'Union des Etats arabes, la création d'un conseil économique arabe, l'élaboration d'une nouvelle charte arabe et la création du marché arabe commun. Bien que M. Amr Moussa ait démenti l'existence de divisions au sein de la Ligue arabe sur les plans de réforme, l'appel de Qatar à l'issue du sommet de Syrte à une réunion extraordinaire des ministres des affaires étrangères en novembre dernier confirmait cet état de fait. M. Moussa avait indiqué à ce sujet qu'"il était normal qu'il y ait des réserves ou des désaccords de la part d'une partie ou de plusieurs" précisant que le plus important était d'aboutir à un accord. Il a souligné par ailleurs que les réunions de la Ligue arabe ont traité, cette année tout comme les années précédentes, les questions du Soudan, de l'Irak et du Liban indistinctement de la question palestinienne. Le premier responsable de la Ligue arabe a en outre indiqué qu'en raison des tensions et des perturbations qui ont marqué l'année 2010, l'institution arabe a intensifié son action commune en convoquant quatre sommets arabes, 35 réunions ministérielles et plus de 750 réunions consacrées aux différents volets de l'action arabe commune (politique, socio-économique, culturel et environnemental). Pour M. Moussa, ces réunions constituent des véritables avancées qui s'ajoutent à celles réalisées au plan de l'action économique telle la création du fonds arabe de soutien aux petits et moyens projets avec un capital de deux milliards de dollars. La Ligue arabe a suivi et soutenu toutes les démarches entreprises par la direction palestinienne à travers le comité de l'initiative de paix arabe. Aussi, le comité a décidé, lors de sa dernière réunion le 14 décembre, de rejeter toute négociation tant que la colonisation se poursuit et de saisir le Conseil de sécurité de l'ONU en vue de tenter d'obtenir une résolution contre la colonisation israélienne. La situation au Soudan et le référendum d'autodétermination dans le sud du Soudan et au Darfour figuraient également à l'ordre du jour des sommets, des réunions ministérielles et des visites de la Ligue arabe au cours de cette année. Le secrétaire général de la Ligue arabe devra se rendre avant la fin de l'année au Soudan en vue d'appuyer les mesures de référendum au sud du Soudan. Les analystes estiment que cette visite est "un message d'espoir" pour la population du sud Soudan précisant que la Ligue arabe confirmait ainsi son respect des résultats du référendum. La Ligue arabe demeure un des principaux négociateurs dans les pourparlers sur le Soudan, le Darfour, la Somalie et le Liban, a affirmé M. Moussa. Cependant, les analystes imputent l'incapacité de la Ligue arabe à trancher certains dossiers aux mécanismes de son action d'où "l'impératif et l'urgence" de son développement.