Le 22e Sommet des pays membres de la Ligue arabe en Libye a prévu, dans son ordre du jour, un certain nombre de questions dont la protection d'El-Qods face aux tentatives de judaïsation israélienne, les conflits inter-arabes et d'autres points touchant à l'actualité régionale et internationale. Il est à se demander si ce sommet a les moyens et la force politique de créer de tels mécanismes et à inventer une position commune, avec comme finalité ultime de cibler toutes ces questions, sources de division et de contradiction. Toute aspiration à conjuguer les efforts et à dynamiser l'action de la Ligue arabe sont loin de nécessité inséparablement une prise de conscience. Il est dans ce contexte à se rappeler qu'au Maghreb, au monde arabe comme dans d'autres régions de la planète, les attaques du 11 septembre contre l'Amérique ont précipité des évolutions qui étaient déjà à l'œuvre depuis le milieu des années quatre-vingt-dix. Le monde arabe n'a e sens qu'en fonction de l'intérêt porté au Moyen et au Proche_ Orient où les problèmes de sécurité d'Israël, d'un côté, le contrôle de la rente pétrolière, de l'autre, constituent les facteurs majeurs d'engagement de Washington. Qui peut arrêter l'Etat hébreu et faire pression sur les Etats-Unis pour une paix durable au profit des Palestiniens ? Israël, avec le soutien de l'administration américaine, jouit d'une impunité de la communauté internationale mise en relief aussi par l'impuissance des Etats arabes. Ces derniers sont-ils prêts à en tirer les conséquences et à envisager même la perspective d'un affrontement avec Israël et les Etats-Unis. Un ballon d'essai, manœuvres diplomatiques ou volonté réelle, rien ne permet pour l'instant de juger des intentions arabes, dont la démarche laisse sceptique plus d'un observateur. Le monde arabe perd chaque jour le " choix " de recourir à une position engagée sur la question palestinienne et sur sa passivité évidente à résoudre certains problèmes inter-arabes. Pour preuve, cet énième sommet se réunit à un moment où certains pays arabes sont traversés par des relations contradictoires. La Ligue arabe, sous la houlette de son SG Amr Moussa, stagne depuis des lustres à se constituer en un véritable " camp " de défense des intérêts de la nation arabe. On continue à "rabâcher " de pieuses et vaines recommandations. Washington, Tel Aviv et leurs alliés qui ont des objectifs précis dans le statu quo entre Arabes et Israéliens, s'accommodent à chaque fois de ce flou au sein des Etats arabes. Dans l'imaginaire collectif des peuples arabes, le poids de la Ligue arabe amplifié par les contradictions entre Etats est "léger" face à la puissance d'Israël et la prééminence stratégique des Etats-Unis dans la région. A partir de là, toutes les recommandations ou positions issues des Etats arabes se traduisent en demandes inacceptables. En ce sens, la construction d'une unité arabe apparaît comme un effort pour se doter d' "armes " collectives capables de mettre en œuvre leurs intérêts stratégiques. De la parole aux actes il existe, bien sûr, un gouffre. Et l'échec des expériences des précédents sommets de la Ligue le prouve. C'est dire que pour les Arabes, l'heure est venue de relever eux-mêmes le défi sioniste, le défi de la mondialisation. Ils ne pourront le faire que s'ils surmontent leurs divergences " marginales ". Et, surtout, s'ils renoncent à l'illusion de croire qu'une solution peut venir d'ailleurs, des capitales occidentales.