Messaoud Nedjahi, beaucoup plus connu pour ses travaux dans divers domaines tels l'ethno psychologie et la musique, livre cette fois un roman Les trois précieuses, édité par les éditions du Coquelicot, dont il est l'artisan.” Je laisse tout derrière moi, haine et amour, et me mets en route vers l'oasis qui m'a vu naître un jour”.Les trois précieuses ne sont pas à lire d'un trait, car le lecteur doit fournir des efforts de compréhension et d'interprétation.Dans cette parution, la plume de l'auteur dit les amours perdues, évaporées, dissipées, mortes, fantomatiques. Dans la quatrième de la couverture, Messaoud Nedjahi avance avoir peint quatre tableaux d'inspiration autobiographique aux tonalités diverses où il a exploré le deuil des passions, les séparations qui laissent atone, les retrouvailles qui enthousiasment, les personnes qui défient le manque… C'est un texte impr! évisible où la prose poétique et le fantastique tutoient le conte et le symbolisme. Au fait, Les trois précieuses est une oeuvre éblouissante en marge du réel, pour exprimer la magie inhérente aux transports amoureux. Dans cette oeuvre, Messaoud Nedjahi se détache entièrement du réel pour se tourner vers un univers magique. “Le contenu de ces lignes peut dérouter et faire croire à celui qui les lit que l'amour existe ou que le bonheur est possible. Ces deux états seraient à la rigueur une sorte de crise passagère, une parfaite illusion de nos désirs”, a-t-il écrit dans l'introduction. Scindé en quatre parties, ce livre de Messaoud Nedjahi est une trame avec des chutes surprenantes, à l'image d'une rivière en crue avec ses affluents. A commencer par ” Précieuse Rose Bien Aimée”, (La fille de l'hiver). Dans cette partie, l'auteur parle de son enfance, quand il a cueilli une rose parfumée. C'est sa Rose Bien-aimée. Elle se retrouva dans un vase quelque part sans parfum ni rosé! e. Tout au long de ce chapitre, un véritable dialogue s'engage! entre le narrateur et la Rose, avant que cela ne finisse par cette phrase: “Il n'est jamais trop tard pour s'aimer. Mon regard est le même et tu es Rose, ma rose Bien-aimée”. Et l'épée de Damoclès vient de tomber, car il n'y a plus de rosée et son parfum s'est atténué. Dans les trois autres chapitres, Messaoud Nedjahi met en action d'autres Roses qu'il nomme: La Reine chauve (fille de l'été); Précieuse Iwal (La fille du printemps) et enfin, La plus précieuse Ange Amie (La fille de l'automne). Après des méandres empruntées durant tout ce roman, l'auteur achève cet écrit par cette chute ” Je laisse tout derrière moi, haine et amour, et me mets en route vers l'oasis qui m'a vu naître un jour”. Les trois précieuses ne sont pas à lire d'un trait, car le lecteur doit fournir des efforts de compréhension et d'interprétation. Interrogé bien avant que ce livre n'atterrisse entre nos mains, Messaoud Nedjahi nous a fait part de cette interprétation: Les trois précieuses sont en fait ! quatre. Trois sont décédées. La première Yala (Rose Bien-aimée), originaire de Tkukt est la seule encore en vie mais cloîtrée depuis une trentaine d'années, après avoir été agressée au vitriol par des barbus. En 2007, elle a accepté de me recevoir sans son voile habituel. Elle a été frauduleusement défigurée. La deuxième, Gellida (La Reine Chauve), originaire de Tamerwant, se serait donnée la mort. La troisième, originaire de Tkukt, née à M'Chounèche, serait morte dans un accident de la circulation. Elle fut celle qui éveilla la conscience amazighe dans les Aurès. Aujourd'hui, elle est le symbole de tous ceux qui se battent pour l'identité berbère. La dernière, Arrij, toujours originaire de Tkukt, mais née à Batna est emportée par une attaque cardiaque. Aussi, l'auteur fait parler ces personnages de manière fictive tout en leur donnant un rôle dans l'éveil de la conscience et du combat identitaire.Messaoud Nedjahi, ethno psychologue, musicologue et plasticien, originaire de! Tkukt, né à M'Chounèche est l'un des artisans et pionniers de l'éveil ! berbère dans les Aurès comme il est le précurseur de la musique chaouie dite moderne des montagnes. Aujourd'hui, il forme un groupe de travail de recherches anthro-ethno- sociolinguistique pour la mise au point d'un dictionnaire Berbéro-berbère.Du même auteur, La becquée n'a pas suffi ; Aurès insolite ; Massinissa ; Le seigneur des coquelicots ; Aurès insoumis ; Ug Zelmad l'insoumis ; Aurès ou les feuillets morts d'un amnésique ; Jugurtha ; L'héritier du coquelicot ; Autopsie d'une identité ; Tamanrasset sous la neige ; Profession: infirmière et Les Anges naissent en Aurès.Amar Ouramdane