Un groupe d'une quarantaine de personnalités nationales annoncent la création du Front du changement national (FCN) en vue de « mobiliser » la population pour « un véritable changement du système politique ». Ces personnalités sont des universitaires, des journalistes, des syndicalistes, des militants des droits de l'homme, des écrivains et des médecins. Le FCN est basé sur « un compromis » portant plusieurs principes : « changement pacifique et radical » du régime politique, attachement à l'algérianité (islamité, amazighité, arabité), respect total des droits humains, des libertés et de la souveraineté populaire, l'alternance au pouvoir « à travers le suffrage universel » et le respect de la démocratie comme moyen de « gestion politique et de régulation pacifique de la société et le rejet de toute forme de violence ». « L'institution militaire, libérée de l'oligarchie qui l'a prise en otage depuis la fin de la guerre d'indépendance, doit devenir une institution républicaine dont la mission sera clairement définie par la Constitution issue de la volonté populaire. Aucune institution de l'Etat, quelle qu'elle soit, ne peut et ne doit se prévaloir d'être au‐dessus de la souveraineté du peuple, seule source de légitimité », est‐il précisé dans l'appel lancé à Alger. Selon ses initiateurs, le FCN ne sera, en aucun cas, une addition d'appareils politiciens ou le lieu de confrontations idéologiques, « mais un creuset de volontés tendues vers un idéal démocratique commun, émanant de citoyennes et de citoyens de tous bords ». « Le Front du Changement National rejettera toute interférence ou ingérence, de quelque nature que ce soit, de puissances étrangères dans le processus de changement et de transition démocratique vers un Etat de Droit », est‐il indiqué. Le changement radical du système passera, d'après les fondateurs du FCN, par une phase de transition « dont le Front du changement National et l'institution militaire auront à définir la durée et les objectifs précis et à mettre en place les mécanismes opérationnels ». Cette phase transitoire débutera par a mise en place d'un gouvernement de transition et d'un Conseil consultatif qui sera constitué de personnalités politiques et scientifiques « moralement irréprochable ». Par ailleurs, un autre appel, dont les premiers signataires sont Lahouari Addi (universitaire), Salah‐Eddine Sidhoum (chirurgien) et Djamel Zenati (enseignant), pose les conditions d'un « sursaut national ». Il s'adresse notamment à l'armée. « Conceptrice et gardienne du système institutionnel hérité de l'Indépendance, détentrice du pouvoir réel de décision sans l'assumer officiellement, l'institution militaire est plus que jamais interpellée (...) Le devoir patriotique issu de l'esprit de Novembre 1954 dicte à l'institution militaire de se mettre aux cotés du peuple et de se hisser au niveau de cette grande œuvre politique de transition pacifique et démocratique vers un Etat de Droit », es‐-il écrit. Lessignataires appellent, entre autres, à la dissolution du DRS, « en tant que police politique ». « C'est une exigence à tout changement réel et nécessaire pour l'instauration de véritables institutions, issues de la volonté populaire. Cette décision révolutionnaire permettra une ouverture effective du champ politique et la mise en œuvre de la transition démocratique au cours de laquelle sera élue une Assemblée Nationale constituante », est‐il encore relevé.