Les appels pour un changement démocratique se multiplient. Ainsi, après les actions de la CNCD, de l'ANC et l'initiative de Abdelhamid Mehri, un appel à «un sursaut national» vient d'être lancé par le militant Djamel Zenati et l'universitaire Lhouari Addi. Dans un texte rendu public hier, les deux personnalités estiment que l'Algérie ne pourrait être une exception dans ce contexte marqué par des révoltes qui secouent tout le Maghreb. «Ecrasés sous le poids des injustices, de l'exclusion et des humiliations de toutes sortes, les peuples se mettent de nouveau en marche pour la conquête de leur liberté. L'Algérie n'est pas en marge de ces soubresauts. Il est illusoire de croire à quelque exception», lancent-ils. Lhouari Addi, professeur à l'IEP de Lyon, et Djamel Zenati, figure radicale du combat démocratique, estiment qu'«une pressante demande de changement s'exprime au quotidien dans la société», et que «la seule alternative au chaos est la transition démocratique à travers un véritable changement radical du système politique, vers un Etat de droit». Selon eux, cette situation interpelle directement l'institution militaire. «Conceptrice et gardienne du système institutionnel hérité de l'indépendance, détentrice du pouvoir réel de décision sans l'assumer officiellement, l'institution militaire est plus que jamais interpellée», affirment-ils. Rappelant le contexte historique dans lequel l'armée a été créée, les signataires de l'appel ont considéré dans leur analyse que «l'Algérie se devait de se libérer d'un système colonial violent et le mouvement national a dû créer une armée révolutionnaire pour réaliser l'aspiration à la liberté. Cette donnée historique a pesé sur l'évolution politique de l'Algérie ‘indépendante' et a poussé à sa mise sous tutelle par une oligarchie militaro-financière qui a pris en otage l'institution militaire. Au fil du temps, le régime – se confondant avec un Etat qui n'existe pas – s'est coupé de la société. Cela a favorisé la corruption à large échelle par la cooptation d'élites civiles serviles et incompétentes». Ils considèrent à cet effet que «le devoir patriotique issu de l'esprit de Novembre 1954 dicte à l'institution militaire de se mettre aux côtés du peuple et de se hisser au niveau de cette grande œuvre politique de transition pacifique et démocratique vers un Etat de droit». Et c'est dans ce sens qu'ils demandent aux «patriotes du commandement militaire d'être en phase avec les exigences populaires et de lever toutes les hypothèques sur l'exercice des libertés démocratiques en accompagnant le peuple dans ce processus de changement pacifique du système, comme l'a fait hier l'armée turque et aujourd'hui, les institutions militaires tunisienne et égyptienne». Cependant, les signataires de cet appel posent un préalable à tout changement. Il s'agit, selon eux, de la dissolution de la police politique. «La dissolution du DRS, en tant que police politique, est une exigence à tout changement réel et nécessaire pour l'instauration de véritables institutions issues de la volonté populaire», soulignent-ils. Une décision «révolutionnaire permettra une ouverture effective du champ politique et la mise en œuvre de la transition démocratique au cours de laquelle sera élue une Assemblée nationale constituante», préconisent-ils.