par Kamel Daoud // Comme les autres quarante voleurs arabes, il a répondu à la demande de liberté par un discours sur le complot étranger, a tiré sur la foule, tué, arrêté et menti en installant des commissions qui vont étudier la création d'autres commissions. La Syrie, c'est loin de l'Algérie, c'est un Etat privatisé dont les Algériens ne connaissent que les boutiques de vêtements mais il faut en parler. La raison ? C'est encore une fois un Etat-Moukhabarates comme le nôtre, comme il en existe un peu partout dans le monde arabe. Un Etat où le fils hérite du père, protégé et servi par les brigades clandestines des «services» qui polluent la vie du pays, ses syndicats, son économie, sa vie partisane et sa vie quotidienne et qui peuvent assassiner, grossir à vue d'œil, manger tout et marcher sur tous les corps en falsifiant tous les chiffres et tous les cris. Un pays gangrené par cette maladie du rapt au nom de la sécurité et où des polices chargées de défendre le pays sont payées à s'en défendre en jouant sur la menace d'Israël, le baathisme et les communautés internes. La Syrie, c'est un autre cas de cette maladie des rois cupides qui tuent leurs peuples, les bombardent, les arrêtent ou les maltraitent en les armant les uns contre les autres. C'est un autre cas de ce pays où les médias publics sont des chiens asservis, les opposants accusés d'espionnage et les nervis capables du pire. La Syrie a le nom des 22 autres Etats arabes à son tour. Dans une étrange rediffusion, on y entend les mêmes discours, gronder les mêmes déceptions et on peut y filmer les mêmes clips Youtube sur des opposants qui courent, des policiers qui frappent, des slogans appelant à plus d'air et de rêve, des cris et des courages. En Syrie donc comme ailleurs, on parle de complot, d'unité nationale menacée et le dictateur a l'insolence de venir parler à lui-même de lui-même, dans un discours dit national, où il explique qu'il va penser à faire quelques choses dans l'avenir. Un pays qui a peur, qui tremble, qu'on torture, qu'on peut mettre dans les geôles clandestines, qui n'a pas des droits de l'homme et où si on n'est pas un indicateur, on est un opposant. Un pays où la maladie de la dictature a été poussée à l'extrême et où le Pouvoir est une succession familiale avant date. Et c'est ce qui donne cette immense émotion aux cris des Syriens, que l'on peut voir sur internet, demandant simplement cette chose qui ressemble comme une goutte d'eau à lamour et qui est destinée à tous et pas seulement à une personne: la Liberté. Houria. Etrange sentiment de peine et de colère à entendre les peuples arabes, des décennies après avoir chassé les colons, demander ce que l'indépendance ne leur a pas donné: la Liberté ! Etrange frustration et envie de reprendre les armes pour une autre guerre de Libération. Courage Syriens de nos cœurs: votre boucher est mortel et les Moukahbarates n'ont pas de lendemains. Votre Rat national va manger la poussière avant son heure. On vous le dit car la Syrie est partout. Tous les «Arabes» vivent dans un même pays qui n'existe pas encore.