Midi Libre : La Ligue arabe a décidé de suspendre la participation des délégations syriennes aux réunions de son conseil et de ses instances, tant que le plan arabe de sortie de crise n'aura pas été mis en œuvre. Quelle en est votre lecture ? Mustapha Saidj : la décision qu'ont pris les ministres des affaires étrangères arabes concernant la Syrie indique davantage que la Ligue arabe est incapable de gérer le conflit interne en Syrie. Au lieu de regrouper les parties autour d'une table de négociation, il faut dire que la Ligue arabe a cédé à la pression de la rue syrienne. Il ne faut pas aussi oublier que c'est l'opposition qui refuse de négocier et non pas le régime d'El Assed. Force est donc de constater que la Ligue arabe n'a pas été neutre dans sa prise de décision. Quelles seront, selon vous, les retombées de cette décision sur la politique interne d'El Assad ? En cédant à la pression de la rue syrienne, sans prendre en considération la position officielle de la Syrie, la Ligue arabe ne fait qu'envenimer la situation. Cette décision poussera, sans doute, El Assad à être plus violent à l'égard des manifestants. Je peux vous confirmer que les propositions ne reflètent pas vraiment la situation actuelle de la Syrie car il n'est pas facile de faire disparaître toute cette violence en peu de temps. D'autant que la Syrie connaît plusieurs menaces. Les groupes armés et les divisions dans les rangs des opposants issus de l'institution militaire et autres ne font qu'envenimer la situation. Outre toutes ces considérations, il faut dire que le décideur syrien sait pertinemment bien que retirer ses chars est synonyme de suicide politique, car la puissance de l'Etat est incontestablement dans la puissance de son institution militaire. Chose que ne pourra faire aucun régime quel que soit le prix. Ne pensez-vous pas que la décision de la Ligue est, tout simplement, dirigée contre le baathisme et non pas contre les dictatures? Pour ce qui est des intentions de cette décision, il faut souligner que certains acteurs dans la Ligue arabe, notamment les pays du Golfe, ont tout fait pour accélérer les sanctions. Ces partis ainsi facilitent la tâche du Conseil de sécurité de l'Onu. Par ailleurs, je dirais que le Qatar, par sa chaîne satellitaire El Jazzera, a joué un rôle important dans cette équation. Ce pays n'a pas été neutre dans sa politique. Son ministre des Affaires étrangères, qui est également à la tête du Comité ministériel arabe de la Ligue, a joué un rôle important dans cette équation et est même un acteur dans le conflit syrien. S'agissant de la pensée baathiste en Syrie qui est un pays frondeur, il faut dire que la Ligue arabe n'a pas traité les dossiers du Yémen, le Bahreïn et de la Syrie de la même manière. Pour le cas du Bahreïn, les pays du Golfe ont, par la voix d'El Jazzera, fait croire qu'il ne s'agit d'autre chose que d'un complot iranien. Au sujet du Yémen, ces pays n'ont pas hésité à donner plus de temps au président Salah. Chose qui n'a jamais été donnée à El Assad. Grosso modo, la Ligue arabe est entre les mains de certains pays du Golfe. La crise syrienne semble avoir certaines spécificités des conflits "par procuration". Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ? Le cas de la crise syrienne a certes quelques spécificités du conflit par procuration. Il est, dans ce sens, à signaler le rôle de la Chine et de la Russie au sein du Conseil de sécurité de l'Onu. La position de ces pays est claire à travers les discours de leurs responsables. Ces derniers savent très bien que les pays du Golfe préparent le terrain pour l'Ooccident. Comment voyez-vous l'avenir de la Syrie ? Deux scénarios sont susceptibles de se produire. La pression internationale pourra pousser le régime d'El Assad à l'étouffement. A cet effet, un coup d'Etat pourrait avoir lieu. Les scénarios tunisiens et égyptiens pourront se rééditer si l'institution militaire trouve un terrain d'entente avec l'élite politique. L'autre scénario est que l'autorité syrienne continue dans sa politique. Ceci pourra faire perdurer l'anarchie dans ce pays, d'autant que l'opposition est divisée. Propos recueillis par Midi Libre : La Ligue arabe a décidé de suspendre la participation des délégations syriennes aux réunions de son conseil et de ses instances, tant que le plan arabe de sortie de crise n'aura pas été mis en œuvre. Quelle en est votre lecture ? Mustapha Saidj : la décision qu'ont pris les ministres des affaires étrangères arabes concernant la Syrie indique davantage que la Ligue arabe est incapable de gérer le conflit interne en Syrie. Au lieu de regrouper les parties autour d'une table de négociation, il faut dire que la Ligue arabe a cédé à la pression de la rue syrienne. Il ne faut pas aussi oublier que c'est l'opposition qui refuse de négocier et non pas le régime d'El Assed. Force est donc de constater que la Ligue arabe n'a pas été neutre dans sa prise de décision. Quelles seront, selon vous, les retombées de cette décision sur la politique interne d'El Assad ? En cédant à la pression de la rue syrienne, sans prendre en considération la position officielle de la Syrie, la Ligue arabe ne fait qu'envenimer la situation. Cette décision poussera, sans doute, El Assad à être plus violent à l'égard des manifestants. Je peux vous confirmer que les propositions ne reflètent pas vraiment la situation actuelle de la Syrie car il n'est pas facile de faire disparaître toute cette violence en peu de temps. D'autant que la Syrie connaît plusieurs menaces. Les groupes armés et les divisions dans les rangs des opposants issus de l'institution militaire et autres ne font qu'envenimer la situation. Outre toutes ces considérations, il faut dire que le décideur syrien sait pertinemment bien que retirer ses chars est synonyme de suicide politique, car la puissance de l'Etat est incontestablement dans la puissance de son institution militaire. Chose que ne pourra faire aucun régime quel que soit le prix. Ne pensez-vous pas que la décision de la Ligue est, tout simplement, dirigée contre le baathisme et non pas contre les dictatures? Pour ce qui est des intentions de cette décision, il faut souligner que certains acteurs dans la Ligue arabe, notamment les pays du Golfe, ont tout fait pour accélérer les sanctions. Ces partis ainsi facilitent la tâche du Conseil de sécurité de l'Onu. Par ailleurs, je dirais que le Qatar, par sa chaîne satellitaire El Jazzera, a joué un rôle important dans cette équation. Ce pays n'a pas été neutre dans sa politique. Son ministre des Affaires étrangères, qui est également à la tête du Comité ministériel arabe de la Ligue, a joué un rôle important dans cette équation et est même un acteur dans le conflit syrien. S'agissant de la pensée baathiste en Syrie qui est un pays frondeur, il faut dire que la Ligue arabe n'a pas traité les dossiers du Yémen, le Bahreïn et de la Syrie de la même manière. Pour le cas du Bahreïn, les pays du Golfe ont, par la voix d'El Jazzera, fait croire qu'il ne s'agit d'autre chose que d'un complot iranien. Au sujet du Yémen, ces pays n'ont pas hésité à donner plus de temps au président Salah. Chose qui n'a jamais été donnée à El Assad. Grosso modo, la Ligue arabe est entre les mains de certains pays du Golfe. La crise syrienne semble avoir certaines spécificités des conflits "par procuration". Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ? Le cas de la crise syrienne a certes quelques spécificités du conflit par procuration. Il est, dans ce sens, à signaler le rôle de la Chine et de la Russie au sein du Conseil de sécurité de l'Onu. La position de ces pays est claire à travers les discours de leurs responsables. Ces derniers savent très bien que les pays du Golfe préparent le terrain pour l'Ooccident. Comment voyez-vous l'avenir de la Syrie ? Deux scénarios sont susceptibles de se produire. La pression internationale pourra pousser le régime d'El Assad à l'étouffement. A cet effet, un coup d'Etat pourrait avoir lieu. Les scénarios tunisiens et égyptiens pourront se rééditer si l'institution militaire trouve un terrain d'entente avec l'élite politique. L'autre scénario est que l'autorité syrienne continue dans sa politique. Ceci pourra faire perdurer l'anarchie dans ce pays, d'autant que l'opposition est divisée. Propos recueillis par