Depuis quelques semaines, le président Bouteflika fait face à une étonnante “fronde” au sein de l'APN. Plusieurs propositions contenues dans les différentes lois sur les réformes n'ont pas été votées. D'autres ont subi d'importantes modifications. A cela s'ajoutent les lenteurs dans le traitement de certaines lois importantes. Mais le président reste serein, affirme à TSA une source proche de la présidence de la République. Une fois la session d'automne terminée, le chef de l'Etat devrait légiférer par ordonnance, comme l'y autorise la Constitution. Certains de ses proches conseillers lui suggèrent de dissoudre carrément le Parlement pour crédibiliser les prochaines législatives. Mais il n'a pas encore tranché cette question. « Il va réintroduire les articles supprimés et rétablir ceux qui ont été modifiés. Il pourrait aussi introduire de nouvelles réformes. Il a son plan, personne ne le connaît dans les détails », explique notre source. D'ailleurs, pour le président de la République, les projets de réformes discutés actuellement au Parlement ne sont pas vraiment les siens. « Ils ont été confectionnés par le gouvernement. Certes, ils ont été adoptés en Conseil des ministres mais sur certains points, les textes adoptés en Conseil des ministres ont été modifiés avant d'être soumis au Parlement », ajoute cette source. « Le président n'attend plus rien ni du gouvernement ni de ce Parlement. Il les laisse faire. Il veut juste qu'ils accélèrent l'adoption des textes ». Le président de la République le sait : les réformes telles qu'elles sont présentées actuellement ne passeront pas auprès de l'opinion publique mais surtout auprès des partenaires occidentaux de l'Algérie. Des responsables américains sont venus récemment à Alger pour rappeler au chef de l'Etat ses engagements pris au début de l'année après les émeutes de janvier. Les autres partenaires de l'Algérie, notamment les Français et les Britanniques, se montrent également sceptiques. « Les projets ont été élaborés au sein du gouvernement et non à la présidence. Les réformes proposées sont vides. Le président veut des réformes acceptables et crédibles auprès des Occidentaux. Il veut aller encore plus loin que les Marocains », précise notre source. En légiférant par ordonnance, le chef de l'Etat veut aussi se positionner comme le véritable initiateur des réformes. Selon la même source, les blocages actuels sont dus à une absence de confiance entre les trois partis de l'Alliance présidentielle. Le FLN et le MSP soupçonnent le RND d'être en partie derrière les mouvements de contestation qui les secouent depuis quelques semaines. Abdelaziz Belkhadem l'a même suggéré publiquement. Le chef de l'Etat laisse faire. Une façon d'affaiblir davantage les partis de l'Alliance en prévision des législatives de 2012 mais aussi dans la perspective de la bataille pour la succession en 2014.