La profession de chauffeur de taxi est abandonnée, l'usager des transports en commun aussi. Les « taxieurs » ne veulent pourtant pas en démordre : la commission technique de la direction des transports devant se réunir tous les trois mois, n'a jamais été convoquée depuis le 21 février 2006 par la direction des transports. « Sans cet organisme, rien de ce qui gêne le travail des chauffeurs de taxi ne peut être résolu », déplore Mustapha Gougam, chargé de l'administration et des finances au bureau des chauffeurs de taxi qui n'a plus « ses quartiers » au siège de l'UGCAA, situé au 40 rue Larbi Ben Mhidi, en raison de la crise que traverse le syndicat. La direction des transports favorise, à entendre le syndicaliste, « le pourrissement » et ne semble pas décidée à vouloir prendre langue avec les « représentants » des chauffeurs. L'arrivée « aux affaires » d'un nouveau directeur à la tête de l'administration de wilaya ne semble pas arranger les choses. « Le directeur ne voit que les infractions et les sanctions prévues contre les chauffeurs. Le décret du 8 août 1993, fait pourtant pour les aider, est interprété au gré des humeurs du responsable du moment. On ne s'en tient qu'aux dispositions de l'article 42, celles qui prévoient des sanctions contre nos collègues », déplore Gougam pour qui le statu quo est maintenu. Le crédit bancaire, contracté par beaucoup ces dernières années, commence à peser sur les « taxieurs ». « Sur les 12 000 ''taxieurs'' que compte la capitale, 1300 ont souscrit à un crédit, dont 400 trouvent des difficultés à rembourser leurs dettes. Avec les différentes sanctions, comme le retrait du permis, l'échéancier ne sera jamais respecté », insiste-t-il. Les pratiques des « clandos » et de quelques agents de sécurité ne sont pas sans conséquence sur le travail des chauffeurs réguliers. « Des agents exercent, mais qui s'en soucie ? Surtout pas leurs collègues », interroge-t-il, en mettant en avant la question des « fraudeurs », jamais résolue, en dépit des promesses du service taxi de la sûreté nationale de Bab Ezzouar. Des sanctions, les « taxieurs » en connaissent pourtant : pas moins de 30 personnes sont « sanctionnées et des bons leur sont donnés ». « Ils sont malmenés par les services de police qui ne semblent pas tenir compte de la décision qui veut que ce bon est valable pour une période de 20 jours », atteste-t-il. Le « zonage » aussi est l'autre difficulté à laquelle sont confrontés les « taxieurs » puisqu'ils peuvent à l'aller prendre des clients mais jamais en ramener au retour. « Nous ne pouvons pas accéder à la gare, assurent-ils. Il nous est fait obligation de revenir vides. » Mais respectent-ils cette obligation ? Pour Gougam, les chauffeurs qui, pour beaucoup, se lèvent à 6h ou 7 h, ne peuvent travailler au-delà de 4 h. Aucun ne peut les remplacer, provoquant une situation d'« abandon » de travail. Les radios-taxis ne peuvent, par ailleurs, résoudre le problème des transports, alors que l'Etat les a fait bénéficier de beaucoup d'avantages. « Il y aura des taxi waqfs dans pas longtemps mais le problème reste posé », insiste Gougam.