Une opération à la limite du spectaculaire a eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche derniers au niveau du site historique dit Dar Essoltane ou El Qal'a (la Citadelle). Dans ce véritable chantier de restauration, dont l'étude et les travaux ont repris il y a deux ans, une équipe constituée d'une vingtaine de personnes a décidé de passer à l'action pour sauver, dans le cadre de la restauration des sites et monuments historiques, un élément architectonique qui date du début du XVIe siècle. Pour ce faire, il fallait « détourner les gros moyens pour enlever le diamant de la bague », pour reprendre l'expression lancée de manière ironique par un averti en la matière, soulignant dans la foulée que « peu d'entreprises daignent apporter leur précieux concours, lorsqu'il s'agit de sauver un bijou qui appartient à la mémoire collective ». En effet, très rares sont les opérateurs qui s'empressent de mobiliser leurs potentialités lorsque le patrimoine est en péril. Car, tout simplement, une intervention de secours de ce type ne génère pas de gain substantiel… Cela n'en vaut pas, non plus, la chandelle de faire intervenir un équipement pour si peu, fut-il destiné pour une urgence visant à la préservation d'un héritage séculaire, apprend-on, au grand dam d'une culture partagée. En d'autres termes, au diable le patrimoine et sa restauration qui, faut-il le rappeler, ne sont pas de vains mots sous d'autres cieux… Et voilà qu'une entreprise publique casse le tabou en prenant le taureau par les cornes dans une manœuvre aussi délicate que la manipulation d'un œuf. Entourant une grue mastodonte de 220 tonnes, les spécialistes du volet restauration, qui relève du secteur de la culture et les techniciens de l'entreprise Cosider, ont mis le paquet pour relever le challenge, au terme d'une entreprise qui aura duré une nuit. Il s'agit du lanterneau chancelant du minaret de la mosquée du dey, dont le poids est de 7 tonnes qu'il fallait « faire descendre » avant de le restaurer. Il fallait donc manipuler cet ouvrage conique ébranlé par l'usure du temps avec professionnalisme. A dire vrai, l'action était loin d'être anodine, dans la mesure où une mauvaise appréciation dans la manœuvre de l'ouvrage pouvait se révéler fâcheuse pour la reconstitution de ce pan du patrimoine matériel. Cela ne constitue pas moins une première pour une entreprise venue à la rescousse d'un legs architectural. Sensible au patrimoine. A notre histoire.