La relaxe pour tous les accusés, tel est le verdict qu'a rendu hier le juge Omar Nouicer, au terme du procès en appel du séisme de Boumerdès. Boumerdès : De notre bureau Le juge a ainsi débouté le ministère public qui avait requis, jeudi dernier, des peines de 2 à 3 ans de prison assorties d'amendes allant de 10 000 à 20 000 DA à l'encontre de 27 parmi les 38 accusés, tous inculpés dans cette affaire pour « homicide involontaire, blessures involontaires, fraude sur la qualité et la quantité des matériaux de construction et non-respect de la réglementation » et qui ont comparu libres depuis le début du procès. Les 27 accusés en question sont tous de la catégorie des exécutants de l'acte de bâtir comme les entrepreneurs, les bureaux d'études ainsi que les ingénieurs et les techniciens du CTC. Après la lecture du verdict, suivie par une salve d'applaudissements émanant du banc des accusés, c'étaient la joie et le soulagement des inculpés et de leurs proches, nombreux à assister à la séance. Leur délivrance, déclinée par des youyous, des accolades, des congratulations et aussi des larmes, se lisait sur les visages. A rappeler qu'en première instance, 27 accusés ont été condamnés à 2 ans de prison ferme et 50 000 DA d'amende, pour prendre la mesure de l'inquiétude qui pesait hier sur les mis en cause et leurs proches. Une femme, qen larmes, dit : « Je ne souhaite à personne le stress que ma famille et moi avons enduré. » C'est l'épouse de l'un des accusés. Du côté des parties civiles et des familles des victimes du séisme présentes dans la salle, on n'a vu transparaître aucune réaction. Par ce verdict, la justice se ravise dans ce dossier quant à la responsabilité des personnes qu'elle a condamnées en première instance, dans « les anomalies relevées par les expertises gouvernementales et judiciaires à différents niveaux de l'acte de bâtir ». Il est clair qu'il a fallu une bonne dose de courage et de clairvoyance de la part du juge pour rendre un tel verdict dans une affaire qu'on a voulu politiser en la destinant « à calmer l'opinion publique suite à un début d'agitation de la rue à Boumerdès, juste après le séisme », comme le soulignait Maître Brahimi dans sa plaidoirie. Le procureur général représentant le ministère public à ce procès a, lui aussi, fait preuve de professionnalisme en évitant de verser dans l'excès. C'est l'un des rares procès où l'on a entendu les avocats de la défense saluer l'avocat général. Et si, comme disait le procureur général dans son réquisitoire, jeudi dernier, « nous ne sommes pas en train de juger le séisme, mais plutôt de faire la lumière sur les erreurs humaines, volontaires ou involontaires, qui ont aggravé les dégâts provoqués par la charge sismique ». N'est-il pas temps de braquer les projecteurs sur tout l'environnement de l'acte de bâtir pour en déterminer les réelles défaillances et tirer les leçons qui s'imposent ? Cela est du devoir de l'Etat. Surtout que ce procès aura sans nul doute eu une valeur pédagogique de précédent. Les experts interrogés lors des audiences ont relevé bon nombre de défaillances que les pouvoirs publics sont tenus de réparer.