Collée sur une porte de la rue Bouguerfa, une pancarte avertit que tout commerce devant la maison est interdit. Ce panneau, quelque peu insolite, renferme à lui seul tous les problèmes du lieu. Le marché Tnach, s'étendant en dehors de l'espace du plus ancien marché couvert d'Alger, a envahi les étroites rues alentours. Les clients, à majorité des femmes, s'y bousculent. On y trouve de tout, des ustensiles de cuisine à 50 DA aux œufs à 6 DA, en passant par les fruits et légumes ou les chaussures. L'endroit s'apparente à une fourmilière, un vrai bazar grouillant et bouillant à l'approche du déjeuner. Malgré l'installation de parasols par les commerçants, les produits alimentaires semblent souffrir de la chaleur. Mais au-delà de l'oppression qu'on peut y ressentir, l'insalubrité des lieux nous conduit au dégoût. Imaginez, vous marchez sur des trottoirs à peine finis, quand ils ne sont pas occupés par les vendeurs à la sauvette, des odeurs d'égouts vous parviennent au nez. Face à vous, ce poisson jeté sur des feuilles de coriandre sans glace. Qui aurait pu vous rassurer sur son illusoire fraîcheur ? Que font les autorités responsables ? diriez-vous. Ils ont bien tenté de le délocaliser vers le Hamma, mais les commerçants refusent de partir, leur clientèle est là. Les décisions de l'APC sont, quant à elles, sans cesse repoussées. Alors, ça reste là, à l'extérieur de l'enceinte du marché, ça se vend mieux. L'état d'insalubrité et de délabrement semblent ne choquer personnes… Jusqu'à quand ? Ce marché est un cas de conscience : les autorités ferment les yeux, les commerçants qui se permettent des produits de qualité douteuse. Et entre les deux, les habitants du quartier, qui, par leurs achats, cautionnent cet état de fait.