Y a-t-il de l'eau dans le gaz entre l'Espagne et l'Algérie ? S'agissant de la coopération énergétique, le premier ne lorgne plus du côté du second. De nouveaux éléments le confirment ! En effet, le groupe espagnol Gas Natural vient d'établir avec Qatargas un cadre de négociation pour l'achat de 5 milliards de mètres cubes de gaz naturel liquéfié (GNL) à moyen et long termes. Les deux groupes en question veulent, selon un communiqué de Gas Natural diffusé jeudi dernier, « renforcer leur relation commerciale pour négocier des augmentations de fourniture de gaz dans le futur ». Au cours de la même semaine (lundi dernier), ce même groupe gazier a signé avec le géant russe Gazprom un accord-cadre pour réaliser « des opérations ponctuelles » sur le marché du GNL qui serait le prélude à une coopération beaucoup plus étroite. De son côté, le groupe pétrolier espagnol, Repsol YPF, a révélé, le 8 juillet dernier, l'existence de négociations avancées avec l'autre groupe russe, Rosneft, pour prendre des participations dans le projet pétrolier et gazier de Sakhaline 3. A Alger, les commentaires vont bon train sur ce changement de cap des deux groupes ibères. De nombreux observateurs des questions énergétiques s'accordent à dire que cette nouvelle orientation dans la politique énergétique espagnole se veut un affranchissement du gaz algérien, alors que d'autres imputent cette « bouderie » au malheureux épisode de l'annulation du contrat gazier de Gassi Touil, accordé en 2004 à Repsol et Gas Natural pour plus de 5 milliards de dollars. Un autre contentieux qui a trait aux prix du gaz – l'Algérie demandant une hausse de 20% des prix et l'Espagne opposant un refus catégorique – continue de lézarder les relations bilatérales. Ces nouvelles « offensives » des voisins espagnols sont-elles vraiment l'expression d'une volonté manifeste de réduire leur dépendance du gaz algérien et de diversifier leurs sources d'approvisionnements ou s'agit-il d'une « sanction » contre la décision d'Alger se rapportant aux litiges cités, lesquels cherchent toujours solution devant un arbitrage international ? Rien n'est moins sûr, d'autant que le gaz algérien représentait 34,6% des importations de l'Espagne en 2007, selon le ministère espagnol de l'Industrie.