Il a suffi d'une simple lettre-circulaire émanant de la CNAS de Mostaganem pour que des pharmaciens montent au créneau pour dénoncer les conséquences sur leur travail et ses répercussions sur leur clientèle. Selon les pharmaciens rencontrés, la nouvelle réglementation consécutive à la mise à jour de la nomenclature des médicaments remboursables, au lieu de leur faciliter la tâche, ne ferait que la compliquer. Le litige porte essentiellement sur le recours des pharmaciens à l'écoulement de certains médicaments de substitution. Cette pratique qui était en vigueur jusqu'à l'entrée en application de la note 346/2004, permettait au pharmacien de procéder au changement du médicament en fonction de ses disponibilités. Cette substitution est bien évidemment limitée au nom commercial du médicament qui dépend du laboratoire qui le fabrique ou qui le conditionne, sans toucher à la molécule qui est le principe actif ; la prescription d'une molécule étant de la compétence exclusive du médecin traitant. En raison de la multitude de marques commerciales disponibles sur le marché, cette pratique permettait en fait au pharmacien d'éviter à son client de superflus déplacements chez un confrère. Surtout lorsqu'il s'agit d'un client conventionné, c'est-à-dire détenteur d'une carte délivrée par la CNAS et qui lui permet de se faire délivrer - sans bourse délier - les médicaments par une seule officine. Ce qui oblige le pharmacien conventionné à satisfaire la totalité de la médication. Ceci incitait ces derniers à procéder à toutes les substitutions possibles en fonction de l'état des stocks et des arrivages. Mais comme dans tous les systèmes, il s'en trouvera quelques petits malins pour contourner la procédure et en tirer avantage, obérant sérieusement les finances de la CNAS. la spirale des procédures Alors que ce système commençait à gagner en efficacité - malgré les agissements répréhensibles de certains qui n'hésiteront pas à en faire un fonds de commerce en procédant à la revente des médicaments auprès de malades non assurés -, notamment en permettant aux retraités et aux malades chroniques d'être à l'abri des longues procédures de remboursement. Les nombreux abus de toutes sortes feront réagir la tutelle, d'où la fameuse note objet de la querelle entre ces deux partenaires. Chez les pharmaciens, on organise rapidement la riposte, notamment en saisissant la tutelle pour qu'elle revienne à l'ancienne procédure et en sensibilisant les malades sur les conséquences de cette lourde procédure qui les obligerait à faire de multiples va-et-vient entre les officines et le médecin traitant. Ce dernier, appelé à la rescousse, devra adapter sa médication non pas en fonction de son efficience mais de la disponibilité des produits chez le pharmacien conventionné. Selon certaines indiscrétions, les statistiques situeraient le nombre d'assurés conventionnés à plus de 25 000, auxquels il faudra ajouter, en ce qui concerne les retraités dont le nombre est appelé à la hausse, les autres membres de la famille que l'on évalue à trois personnes par foyer en moyenne. Rapporté au nombre d'assurés sociaux au niveau de la wilaya - qui s'élève à environ 160 000 -, il est aisé de constater que cette catégorie de patients particulièrement sensible constitue une clientèle non négligeable et une source d'inquiétude pour la CNAS. D'où ce rappel à l'ordre sous forme de note de service et cette levée de boucliers qui, pour l'instant, ne mobilise que les pharmaciens dont la clientèle se recrute en grande partie chez les malades titulaires de la fameuse carte de gratuité. Au niveau de la CNAS de Mostaganem, où nous avons croisé un groupe de pharmaciens résolus, on prône la sagesse et le dialogue tout en insistant sur le fait que les blocages sont le fait d'un logiciel qui est géré au niveau central. Sereins, nos interlocuteurs nous assurent que le litige ne peut en aucune manière nuire à l'assuré. Mais, devant les dérives constatées dans ce secteur, il était tout à fait normal que des directives remettent de l'ordre. Sans l'implication des médecins traitants et une bonne circulation de l'information entre les trois partenaires, le bras de fer risque de perdurer et remettre en cause la délivrance des cartes de gratuité. Une décision extrême qui pourrait amplement se justifier par l'amplification des abus.