La politique du prestige finit toujours par s'estomper pour dévoiler en dernier lieu les limites de toute gestion qui s'obstine à aller vers le détail au détriment de l'essentiel, voire de l'urgent même. Rien ne sert finalement de repeindre les façades, si la partie inférieure des bâtisses continue d'être inondée d'eaux usées et infestée de rats et de moustiques. Skikda, qui est une ville côtière, faut-il le rappeler, accueille donc cet été avec de véritables problèmes d'hygiène. Au moment où des quartiers de la vieille ville continuent de vivre encore dans l'ère des pénuries d'eau, d'autres, au contraire, sont quotidiennement arrosés, non pas d'AEP, mais d'eaux usées. Au niveau des cités-dortoirs de la zone basse de Skikda, le constat est plus grave encore. L'on signale dans ces lieux un nombre incalculable d'immeubles dont les vides sanitaires demeurent pleins et servent de lieux de reproduction de larves de moustiques. L'on dénombre également, rien que pour le début du mois de juillet, plusieurs cross-connexions qui auraient pu avoir des conséquences plus graves en replongeant la ville dans la psychose de la typhoïde. Jugez-en : à la cité Boulkeroua 2, et juste au niveau des bâtiments 15, 16, 17, 18 et 19, des analyses de l'eau que buvaient ces habitants ont révélé que le taux de coliformes présents dans le précieux liquide était de 1 400 % supérieur à la norme. A la cité des frères Ayachi, et juste au niveau du bâtiment D, l'on y a révélé le même taux de coliformes, en plus de l'existence de streptocoques fécaux supérieur de 240 %. A la cité des frères Bouhadja, ce sont les habitants de l'immeuble B146 qui ont échappé à temps à d'éventuelles maladies à transmission hydrique, puisque les analyses de l'eau qu'ils consommaient contenait là aussi une présence importante de coliformes. Aux immeubles AC, BC et BX de la cité Saker, les canalisation d'eau potable, qui enregistraient plusieurs fuites, se trouvaient complètement submergés d'eau insalubre des vides sanitaires carrément à ras bord. Le même constat a été officiellement relevé à la cité Boulkeroua au niveau des immeubles E 10 et E4. Aujourd'hui encore, l'on signale, depuis plus d'une semaine, un cas assez grave à la cité Zarabata (près du cimetière El Kobbia), sans que les instances concernées daignent y remédier et éviter le pire à quatre familles. Un membre de l'une de ces dernières, lassées de faire le va-et-vient entre les bureaux d'hygiène a fini par craquer, et dira : « Un égout situé près de nos demeures s'est obstrué et il refoule depuis plusieurs jours ses eaux nauséabondes dans nos maisons. On n'a pas cessé d'alerter les responsables, mais depuis, nous continuons de nager dans les eaux usées ». L'on se contentera juste de l'informer que la toute nouvelle agence nationale d'assainissement (ANA) aurait été saisie et que c'est à elle d'intervenir. Le même scénario se passe à Bouabbaz, près d'une boulangerie, à Zkak Arab et aussi à Merj Eddib. C'est dire qu'à Skikda, il y a la mer au nord et les eaux usées ailleurs. Pendant ce temps, les fosses se trouvant près du nouvel hôpital restent toujours pleines d'eaux infestées et servent encore de lieux de baignade à des enfants. Mais qui s'en soucie du moment que ce sont ceux des autres ?