Un parfum de révolte flotte dans les bases de Sonatrach au sud du pays. Même s'ils ont décidé d'interrompre leur grève de la faim (qui a duré 3 jours), les pétroliers promettent de durcir le ton si leurs revendications ne sont pas prises en compte d'ici au 31 juillet. « Nous avons déjà observé un arrêt de travail d'une demi-heure. S'il n'y a pas de réaction positive d'ici au 31 juillet, il y aura un débrayage total. C'est un ultimatum que nous lançons à la direction générale », nous dit un travailleur d'In Amenas. « Grande injustice » Les employés de Sonatrach, réunis le 21 juillet dernier à Hassi R'mel, ont déjà acculé le secrétaire du syndicat national de Sonatrach à déposer un préavis de grève au plus tard le 31 juillet, au cas où les huit points qui constituent « d'anciennes revendications » demeuraient sans réponse. Au menu de leurs doléances figurent notamment la cotisation de l'indemnité de zone et les conditions de vie (IZCV), l'augmentation conséquente du salaire de base pour l'ensemble des travailleurs, l'instauration d'une prime de risque, la classification de la région comme zone à haut risque, la prise en charge effective des malades chroniques sur site et des familles des agents décédés suite à un accident de travail. Le nouveau système de rémunération instauré par Sonatrach ne semble guère satisfaire les travailleurs ; ils y voient une certaine « ségrégation » entre les différents métiers de l'entreprise. « Les travailleurs de la section » support et soutien « n'ont pas eu droit à une augmentation de salaire. C'est une grande injustice », nous dit un autre employé de la base d'In Amenas. Et de poursuivre : « Ce n'est certes pas les augmentations de 30% qui vont retenir les pétroliers d'aller dans les entreprises qataries. Après 10 ans d'expérience, mon salaire atteint péniblement les 50 000 DA. Les gens nous disent que nous avons de la chance d'être à Sonatrach car nous sommes bien payés. Ils nous prennent pour ce que nous ne sommes pas. » Toutes nos tentatives pour joindre les responsables de Sonatrach sont restées vaines. La seule réaction de Sonatrach à la protesta des pétroliers a été l'annonce d'augmentations de salaires des travailleurs allant de 15 à 30% selon les métiers. Il est ainsi prévu une revalorisation de 30% pour les ingénieurs, superviseurs et managers des métiers de l'exploration et du développement. Augmentation du salaire de base pour 28% de l'effectif Les techniciens, contremaîtres, cadres d'études techniques ainsi que les ingénieurs des métiers d'exploration et traders ont droit à une augmentation de 25% à partir du 1er juillet. Les ingénieurs et managers des métiers de l'exploitation bénéficient, quant à eux, d'une revalorisation de l'ordre de 25%. Les métiers études et développement pourront prétendre à une augmentation de 20%. Les cadres intervenant dans le processus opérationnel de vente et d'exportation, les agents d'intervention et les titulaires des fonctions dites « cœurs de métiers » auront une augmentation de 15%. La Sonatrach prévoit, par ailleurs, une augmentation individuelle « transitoire » de 6% du salaire de base pour 28% de l'effectif de l'entreprise. Le versement de la prime d'intéressement pour l'année 2007 sera fait au cours du mois de juillet. Le montant théorique est de 140 000 DA ; elle est, selon les responsables de Sonatrach, « en augmentation de 16% par rapport à 2006 pour des résultats de performance équivalents ».
