Lourde d'histoire et de… problèmes, la place du 1er Novembre, connue sous le nom de la Brèche, trône majestueusement en plein centre de Constantine. Des dizaines de milliers de personnes passent et repassent, chaque jour sur les pans d'une histoire millénaire, car sous le macadam, des vestiges millénaires dorment dans l'espoir d'une délivrance prochaine. Avant l'invasion française, en 1837, les murs de la ville s'étendaient justement à cet endroit. Un obus aura raison des remparts et une brèche s'ouvrit dans la muraille qu'on disait imprenable. C'est le début de la colonisation de l'antique Cirta, puis la légende et l'histoire donneront aux lieux la dénomination de La Brèche. Cette dernière sera débaptisée à l'indépendance, et portera le nom officiel de place du 1er Novembre, un nom qui ne sera jamais utilisé par une population qui tiendra à son « la briche » , selon une appellation légèrement modifiée. L'esplanade Boumezzou, au-dessus du marché du même nom, sera pendant plus de 20 ans le centre névralgique de la ville, accueillant chaque jour des centaines de personnes qui y venaient déguster des glaces chez Bentchouala et bien d'autres occupants des kiosques. Même les étrangers à la ville se devaient de faire un détour par la Brèche pour savourer un sorbet ou plus tard un café ou une boisson fraîche. Malheureusement, le sol de l'esplanade se détériorera, après une utilisation abusive de matériaux non conformes et les eaux infiltrées inondant le marché au-dessous, auront raison de la plus belle place de Constantine. Le verdict sera une fermeture qui durera des années, interrompue par des travaux qui ne serviront à rien. Il faudra un énième essai, plus d'une année de travaux et quelque 4 milliards dépensés pour que le miracle ait lieu en ce mois de juillet. La Brèche est ressuscitée, bien que les dernières retouches attendent encore. Il est vrai qu'il n'y a plus autant de marchands de glace et autres sorbets, mais les trois existant à l'inauguration donnent un cachet particulier à l'endroit, en plus de la mosaïque sur le sol, d'un style très recherché. Les colonnes de l'entrée accentuent également la vastitude des lieux, les rendant agréables et accueillants pour les clients et les curieux de passage. Sur place, et à partir de 20 h, c'est la ruée. Les tables sont prises d'assaut, dès que le stationnement à proximité de la place le permet avec le départ des derniers policiers en faction. Boulefkhad, célèbre restaurateur à Constantine, a obtenu un kiosque sur place, le plus grand, et sa réputation de bon cuisinier bien que de cuisine il n' y en a point sur l'esplanade fait qu'il soit le plus convoité. L'endroit prisé, surtout par les familles à la recherche de veillées au grand air, a déjà reconquis ses lettres de noblesse en quelques jours. D'autant plus que de cet endroit, l'on peut assister à un coucher de soleil sans pareil. « J'étais un habitué des lieux quand j'étais enfant, maintenant je reviens avec plaisir à un endroit plein de souvenirs et d'émotion avec ma femme et mes enfants », nous- dira Achour, un quinquagénaire. Des dizaines de personnes affluent encore malgré l'heure avancée. C'est la sortie du théâtre où les gosses du conservatoire viennent de se produire. Les spectateurs passeront du plaisir de la trompe d'Eustache à celui des papilles gustatives. Et rien de tel qu'un sorbet made in de la « Place de la Brèche » pour les stimuler !