Le parc immobilier de l'Algérie, notamment celui situé au nord, souffre d'une vulnérabilité extrême. Compte tenu du mauvais entretien dont il a fait l'objet, des décennies durant, il est devenu trop fragile. En effet, l'Algérie a hérité au lendemain de l'indépendance d'un important parc immobilier qui compose les principales grandes villes. La plupart de ces constructions ont été réalisées au début du siècle alors que d'autres dans les années 30, 40 et 50… En 1954, il a été recensé plus de 1,8 million de logements dont plus de 610 000 à Alger. à cette époque déjà, 21% de ces immeubles avaient moins de 15 ans d'âge, 40% avaient entre 15 et 40 ans et 2,5% seulement avaient plus de 100 ans. Aujourd'hui, le parc ancien, qui date d'avant 1954, représente selon les experts, plus de 50% des logements. Quand bien même ce patrimoine a été édifié solidement et bien inséré dans le tissu urbain, il n'en demeure pas moins qu'il a atteint de nos jours un stade de dégradation très avancé. Les efforts consentis dans la construction des immeubles depuis les années 1970 n'ont pas été suivis d'intérêt pour la qualité en matière d'urbanisme, d'esthétique, de confort, d'occupation. Il est ainsi urgent de le prendre en charge sérieusement du point de vue de la conception, de la réalisation et du financement. Rénover ces immeubles anciens, estime M. Boudaoud, docteur-architecte et président du Collège national des experts architectes (CNEA), c'est augmenter leur durée de vie et améliorer par conséquent les conditions d'habitation des citoyens qui y vivent. “Ce vieux bâti doit être recensé et classé par type, c'est-à-dire réhabilité, rénové et conforté”, précisera cet expert. à travers un tel programme, les initiateurs comptent ressusciter l'âme des quartiers et des bâtiments. Il faut réhabiliter, souligne M. Boudaoud, car la dimension architecturale et l'environnement urbain constituent des facteurs d'appréciation importants de la qualité d'une cité. L'objectif recherché est de pouvoir atténuer la pression sur la demande de logements neufs en offrant aux habitants des immeubles anciens réhabilités et un meilleur cadre de vie. La réhabilitation est un facteur considérable d'incitation à l'accession à la propriété par une amélioration de la valeur d'usage des habitations. Le patrimoine collectif est, il est évident, celui où se posent avec plus d'acuité les problèmes d'entretien à cause de l'absence de l'administrateur de biens. Son état lamentable est dû essentiellement à des paramètres complexes tels que la surexploitation des immeubles, au taux trop élevé d'occupation des logements, aux insuffisance de gestion et de maintenance du parc appartenant aux OPGI. Le président du CNEA propose une aide personnalisée en logement (APL) qui sera adaptée à l'évolution des revenus et surtout à la situation familiale de chaque ménage. “Il faut qu'il y ait une réforme du financement du logement qui sera l'aboutissement d'une importante réflexion menée au plan national à la diligence des pouvoirs publics”, affirmera M. Boudaoud. L'expert avoue que le maintien des loyers a un rôle primordial sur l'entretien des immeubles. Il suggère en outre, le prêt à l'accession à la propriété qui ne sera accordé que si l'acquisition est suivie de travaux d'amélioration du logement. B. K.