Les processions d'immigrés rentrant passer des vacances au pays, le cœur chargé d'émotion, offrent l'illusion d'un tourisme qui reprend des couleurs sous le beau ciel d'Algérie. L'illusion seulement, car il suffit de « descendre » dans le quotidien de cette haute saison où il n'est point difficile de faire valoir les atouts naturels de nos côtes et de nos sites naturels, pour s'apercevoir que le chemin reste long à parcourir avant que l'on atteigne le seuil de l'industrie touristique. Certes, la traversée du désert a été longue pour le secteur et les calamités politiques subies par le pays, durant plus d'une décennie, n'ont fait que l'enfoncer. Mais les programmes de relance servis jusqu'ici par les pouvoirs publics pèchent, pour le moins, par une conception par trop globale de la problématique, projetant les objectifs dans des prévisions qui ont ceci de commode qu'elles absolvent des bilans de ce qui se fait ou ne se fait pas dans l'immédiat. L'on invite ainsi à attendre la mise en place des fameux pôles d'excellence touristique, l'installation des gros investissements projetés par les partenaires étrangers pour voir le pays réaliser des taux de fréquentation qui se rapprocheraient de ceux enregistrés par les pays voisins. Avec tous les efforts entrepris depuis le début des années 2000, l'Algérie traîne loin derrière le Maroc et la Tunisie avec des taux de croissance dans le secteur qui, selon les spécialistes, ne représentent que la moitié du taux de croissance économique dans le pays. Des taux qui sont d'autant plus parlants que l'on part, ici, de valeurs plancher, lors même où les moyennes de progression chez les voisins se calculent sur des taux de performances établies. Autre indice : les Algériens sont plus nombreux à prendre des séjours touristiques à l'étranger que les étrangers optant pour des vacances en Algérie. Ces tendances continuent à gagner de l'épaisseur au moment où des études, dont la toute dernière est celle du britannique World Travel Market Global Trend (novembre 2007) place le pays comme future grande destination touristique au niveau du Maghreb. Les prévisions tablent sur des prémices d'intérêt pour le tourisme en Afrique du Nord et sur le besoin du tourisme mondial à renouveler les destinations et les expériences. Il se trouve cependant que là, tout de suite, au risque de rompre les chaînons qui mènent vers la relance miroitée, il est aisé de constater que le schéma reste le même s'agissant des modalités d'accueil et de services, y compris dans des villes et régions censées être les fers de lance de la nouvelle politique. La générosité et l'élégance qui peuvent accompagner la remise d'un bouquet de fleurs à un touriste, à sa descente d'avion, ne peuvent faire oublier ces conditions de séjour souvent approximatives dans des hôtels et autres structures dont le classement et la réorganisation tardent bizarrement à se faire. Il y a aussi que l'Etat, qui résiste avec une étonnante obstination à l'option du week-end universel, qui tantôt tolère, tantôt interdit la boisson alcoolisée, qui fait la chasse cyclique aux couples…, doit trancher quant aux options culturelles qui vont avec la promotion du secteur. Dans deux ans, le mois de Ramadhan interviendra durant le mois d'août, soit au cœur de la haute saison, comme disent les professionnels. Nos cités balnéaires et nos complexes seront-ils fermés jusqu'à l'heure du f'tour ?