Restée longtemps à l'écart des circuits touristiques, la ville de Constantine veut, aujourd'hui, se forger une réputation de terre d'accueil en jouant la carte de l'inédit, de l'imprévu et de la diversité. C'est, du moins, l'ambition affichée ouvertement à la direction du tourisme. On mise d'une part sur une volonté politique et sur l'exceptionnel patrimoine de notre bon Vieux Rocher pour lui forger un avenir touristique et rompre, d'autre part, avec un passé morose, où la notion de tourisme semblait étrangère aux autorités locales et aux organismes compétents qui se sont succédé à la barre de ce domaine. Les premiers jalons sont déjà posés, même si pour l'heure les professionnels du secteur s'accordent à dire qu'on est encore loin du compte, notamment du point de vue qualitatif. D'un point de vue quantitatif, au plan des capacités d'accueil, le dernier bilan de la direction du tourisme affiche 23 hôtels d'une capacité globale de 1837 chambres et 1589 lits, le tout encadré par 744 employés dont 692 permanents et 52 vacataires. Dans ce patrimoine hôtelier, uniquement 7 établissements hôteliers sont classés. D'une capacité respective de 144 et 150 lits, deux d'entre eux figurent dans la catégorie des 4 étoiles, en l'occurrence l'hôtel Panoramic, situé à l'avenue Aouati Mustapha, et l'hôtel Arc-en-ciel érigé à la sortie sud de la localité d'El Khroub. En seconde ligne, on retrouve le doyen des établissements hôteliers de la ville des Ponts, à savoir l'hôtel Cirta qui ne parvient toujours pas à briller malgré ses 3 étoiles et ses 119 lits. Sur la troisième marche du podium, on retrouve avec leurs 2 étoiles, l'hôtel Marhaba et l'hôtel des Princes crédités globalement de 142 lits. Labellisés d'une étoile, la boucle est bouclée avec le Grand hôtel et l'hôtel Ben M'hidi qui disposent d'une capacité cumulée de 125 lits. Il faut y ajouter un motel d'une capacité d'accueil de 30 lits, visible à hauteur du complexe sportif chahid Hamlaoui. S'agissant des établissements de restauration, sur les 54 répertoriés au niveau de la direction du tourisme, quatre bénéficient d'un classement. Ils assurent à eux seuls 1920 couverts quotidiennement, selon les chiffres en notre possession. Néanmoins, d'après cette même source, 4 autres établissements de restauration seraient en voie d'être labellisés : il s'agit de l'Auberge fleurie, de l'Auberge du clos vert, des Platanes et du restaurant Boulefrad situé dans la périphérie de la localité de Aïn Smara, à une quinzaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya. À la croisée des chemins A ce propos, tout en reconnaissant l'existence d'un certain nombre d'entraves à l'émergence d'une industrie touristique, imputée en partie à la frilosité des investisseurs et à un foncier jugé insuffisant, le responsable du tourisme à l'échelle de la wilaya de Constantine rappelle que le secteur du tourisme est à la croisée des chemins, partagé entre des défis inscrits dans la durée et des échéances assez proches, dont le grand chantier en cours : la réalisation de deux hôtels de luxe implantés au cœur du Vieux-Rocher, à quelques encablures de la place des Martyrs. Leur coût est estimé par ses promoteurs, les groupes Mehri et Accor, respectivement à 14 et 23 à millions d'euros. A noter également les travaux en cours à la nouvelle ville Ali Mendjeli, où devrait émerger sur une échéance de 36 mois, un hôtel 4 étoiles. Quant aux établissements hôteliers proposés à la privatisation, en l'occurrence les hôtels Panoramic et Cirta, ils n'ont pas, à ce jour, trouvé preneurs et ce n'est pas faute d'avoir assuré à cette action la plus large diffusion possible aux quatre coins de la planète. Suite à cet échec, l'autorité de tutelle n'a pas eu d'autre choix que d'opter pour leur mise à niveau, avec notamment l'amélioration de leurs prestations et la recherche de nouveaux marchés à travers des formules d'hébergement plus originales et plus ciblées. Une embellie est néanmoins espérée à l'horizon 2009 et ce, grâce à la mise en œuvre du programme complémentaire de soutien à la croissance. Dans ce processus qui est de nature à enrichir le produit touristique et à valoriser son image sur le marché international, il est essentiel aux yeux du responsable du secteur de repenser en profondeur les modes d'accueil et de prise en charge, en allant à la rencontre de certaines catégories de clientèle aux attentes spécifiques. « Sur ce point, indique-t-il, plusieurs formes de tourisme sont à développer dans la wilaya de Constantine, dont les atouts culturels et historiques autorisent, de ce point de vue, la pratique sans limite de nombreuses activités touristiques, dont le tourisme d'affaires, le tourisme culturel et le tourisme naturel en considération de la faune et d'une flore très importante existantes dans les forêts de la wilaya qui en comptes une dizaine d'une superficie totale de 10 690 ha. » Facilitations aux frontières tunisiennes Selon le premier responsable de ce secteur, les agences de tourisme et de voyages du Vieux Rocher auront dans ce canevas un rôle majeur à jouer, selon le premier responsable du secteur. Elles sont à l'heure actuelle au nombre de 42, dont 36 agences privées et seulement 6 structures publiques à l'exemple de l'ONAT, le Touring club algérien et l'agence sous tutelle de l'entreprise de gestion du tourisme de l'Est. Mais, qu'elles soient publiques ou privées, ces agences sont à loger à la même enseigne quand il s'agit de vendre un produit algérien boudé par les autochtones en raison d'un rapport qualité-prix qui ne résiste pas à la concurrence de nos voisins tunisiens. C'est donc logiquement qu'elles se tournent vers la promotion et la vente de ce produit, boudant par la même occasion le produit local taxé à juste titre d'onéreux et de nettement moins performant. D'où l'afflux massif de centaines de milliers de touristes algériens vers le littoral tunisien. Pour toutes ces raisons, nos agences de tourisme mettent en avant cet argument pour justifier une démarche sans laquelle, nous dit-on avec force, beaucoup d'entre elles ne pourraient survivre. C'est pourquoi aujourd'hui, pour éviter toute mauvaise surprise à leurs clients, elles marquent un point d'honneur à vérifier sur place chacun des produits qui leur sont proposés par les tours operators et les intermédiaires tunisiens. Face à une concurrence de plus en plus grande, nous précise le gérant de l'agence Abdelmouiz Voyage, les négociations sont souvent longues et difficiles. Un passage obligé pour ceux qui désirent rester dans la course et se montrer performant sur la place de Constantine en proposant des produits au meilleur rapport qualité-prix. Contacté par téléphone, Ziad Benhassen, représentant en Algérie de l'Office tunisien du tourisme, nous confirme, chiffres à l'appui, que son pays est de loin la première destination touristique des Algériens. « Pour ce motif et en raison des liens privilégiés qui unissent nos deux pays, ils bénéficieront qui d'une prise en charge optimale aux postes frontaliers tunisiens où des consignes ont été données au plus haut niveau pour limiter au maximum le temps d'attente et ainsi mieux canaliser le flux des touristes algériens dont le nombre a avoisiné en 2006 les 950 000 ». Un flux qui devrait augmenter cette année à hauteur de 5% environ, selon le représentant de l'Office tunisien du tourisme qui se félicite, par ailleurs, de l'importance du parc hôtelier tunisien crédité d'un millier d'hôtels et d'une capacité d'accueil minimale de 250 000 lits. Formules attractives et tarifs défiant toute concurrence Hôtels ou location d'appartements chez l'habitant ou dans des résidences ? Laquelle de ces formules est la plus adoptée ? Quel est le budget moyen consenti par la clientèle locale ? Leurs destinations préférées ? En réponse à la première interrogation, les gérants de trois agences, au profil quelque peu différent par rapport à leur stratégie de vente du produit tunisien, s'appuient sur des informations fournies par leurs partenaires tunisiens pour indiquer que la location chez l'habitant absorbe environ 50% de la clientèle locale, notamment les familles et la tranche d'âge des 18/30 ans attirés par cette formule en raison des prix attractifs qui leur sont proposés à tous les coins de rue, où une lutte sans merci s'engage pour séduire les touristes algériens. De ces derniers, 10% seraient attirés par la location de studios et d'appartements proposés dans des résidences de luxe où les prix en cours seraient cette année largement en deçà des tarifs pratiqués durant la saison estivale écoulée ; 40 % jetteraient leur dévolu sur la formule d'hôtels jugée également très attractive, nonobstant les établissements de grand luxe et les palaces hors de portée des bourses moyennes. Par contre, en l'état actuel de la saison estivale, il a été difficile aux uns et aux autres de se prononcer sur le budget moyen consenti sur ce dernier créneau. Quant aux destinations préférées des Constantinois, tous ont été unanimes pour classer sur la plus haute marche du podium la ville de Sousse, une station balnéaire réputée pour sa grande médina, ses remparts, sa forteresse médiévale et ses monuments historiques qui offrent une vue imprenable sur la mer et la vieille ville. La ville séduit également pour son port de plaisance (le port El Kantaoui), une station intégrée qui attire chaque jour des milliers d'estivants. Les inconditionnels de Hammamet Nord vous diront qu'ils sont fascinés par ses superbes plages, sa médina, ses orangeraies et son fort espagnol. Les plus nantis apprécient davantage la nouvelle station touristique de Yasmine située au sud de la ville. Elle est particulièrement appréciée pour sa marina et sa panoplie de palaces et autres hôtels de luxe. Propice aux amateurs de farniente et de vacances soft, la ville de Nabeul séduit pour son souk et son artisanat, en particulier ses produits de poterie et de céramique dont la réputation va au-delà des frontières tunisiennes.