Le premier groupe gazier européen, Gaz de France-Suez, envisage de lancer la production du gaz dans le champ de Touat (Adrar) en 2011. « Nous sommes heureux d'exploiter un champ d'une telle importance, situé dans cette région si éloignée des autres nœuds gaziers de l'Algérie. Le défi est de taille, sachant qu'il faudra construire de nouvelles installations pour remonter la production jusqu'au hub gazier de Hassi R'mel. Le succès est quasi assuré, car les quantités produites envisagent un plateau de 4 milliards de mètres cubes par an, ce qui est tout de même significatif », a expliqué, dans une interview accordée cette semaine aux journalistes de l'éditeur économique britannique Oxford Business Group (OBG), Jean-François Cirelli, vice-président de GDF-Suez. M. Cirelli s'exprime pour la première fois sur ce marché, conclu après la double visite du président français en Algérie. Selon OBG, GDF-Suez espère devenir un pionnier dans le développement de la zone sous-explorée du Touat, « d'autant plus qu'il s'agit de leur première expérience dans l'exploration-production en Algérie ». Les droits sur le permis d'exploration de Touat-bassin de Sbaâ ont été obtenus par le groupe français, opérateur à 75%, en 2003. La Sonatrach y participe à hauteur de 25%. GDF-Suez prévoit un investissement d'un milliard de dollars. La question de l'évacuation du gaz en vue de sa commercialisation a quelque peu bloqué l'évolution du projet. Jean-Marie Dauger, directeur général délégué de GDF, s'était même interrogé, repris par les agences de presse : « Le projet est-il viable ? A qui vend-on le gaz ? » Grand intérêt pour l'Algérie De son côté, Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, avait précisé que le projet de Touat était confronté à une seule difficulté : la construction des gazoducs et leur nombre dans un champ qui s'étend sur plus de 15 300 km2 avec des réserves estimées à 100 milliards de mètres cubes. S'ajoute à cela l'entreprise qui devait se charger de cette opération. En 2007, GDF a cédé une partie de ses intérêts dans le projet de Touat à l'entreprise britannique Dana Petroleum. Jean-François Cirelli s'est exprimé également sur le contrat longue durée signé par GDF avec l'Algérie. « Gaz de France a signé un accord avec son partenaire historique, la Sonatrach, afin de prolonger l'approvisionnement de GNL jusqu'en 2019, pour un investissement total de 2,5 milliards d'euros. Le gaz algérien est devenu indispensable à la France, pour assurer l'équilibre de notre balance gazière à long terme, ce qui explique l'extension jusqu'en 2019 de nos accords avec l'Algérie », a-t-il déclaré à OBG. Après la Norvège et les Pays-Bas, l'Algérie est le troisième fournisseur de gaz de la France. Les importations françaises d'hydrocarbures algériens sont estimées à 4 milliards d'euros. En Europe, Le principal marché d'exportation du gaz naturel algérien demeure l'Italie. Ce pays achète plus de 27 milliards de mètres cubes de gaz par an. « Mais la France affiche une volonté accrue de reprendre du terrain », a précisé OBG. « Il nous faut avancer sur du concret, et le concret, c'est l'interdépendance énergétique : il s'agit pour nous de sécuriser l'approvisionnement du marché français et, pour vous, de sécuriser les débouchés et de préparer l'après-pétrole », a indiqué Nicolas Sarkozy lors de sa venue en Algérie. Selon Chakib Khelil, le développement actuel de nouveaux champs vise une production gazière de 85 milliards de mètres cubes en 2010 et 2 millions de barils de pétrole. En vue de mieux se placer sur le marché mondial, GDF et Suez ont fusionné le 22 juillet 2008. Cela a sauvé Suez d'une reprise par l'italien Enel. Le nouveau groupe entend se concentrer sur le gaz naturel liquéfié (GNL). D'où le grand intérêt pour l'Algérie, pays possédant une grande expérience dans ce domaine.