Le Conseil national économique et social (Cnes) a rendu public hier son 7e rapport sur le développement humain. Dans son discours prononcé hier à Djenane El Mithak, le président du Cnes a estimé que cet événement est « loin d'être anodin », car il cristallise « des efforts inédits ». « Après le dernier rapport sur le développement humain élaboré avec le PNUD, nous rééditons un exploit », se félicite-t-il. Il reste néanmoins que les données contenues dans le rapport datent de l'année 2006. L'envolée des prix du pétrole, la récente crise mondiale, la flambée des coûts des matières premières et l'augmentation relative des salaires de la Fonction publique font que la donne a quelque peu changé. Le Cnes adresse quelques critiques au secteur de l'éducation et à celui de la santé. Pour le reste, le « tout va bien » semble être à la mode. Seulement 66,2% des élèves passent au lycée La déperdition scolaire inquiète fortement les experts du Cnes. « Les taux moyens de survie d'une cohorte d'élèves sont de 95,2% dans le cycle primaire et de 66,20% seulement dans le moyen. Les déperditions scolaires sur la période 1999-2006 sont évaluées à 536 000 élèves par an, dont 68,9% proviennent du cycle d'enseignement obligatoire », peut-on lire sur le rapport. Les experts du Cnes se préoccupent également du niveau de formation du personnel d'enseignement qui reste, à leurs yeux, insuffisant dans les cycles primaire et moyen ainsi que de la surcharge des contenus des programmes. Ils soulignent, par ailleurs, que les écoles privées ont accueilli, en 2006, un effectif de 14 200 élèves dont 6400 filles, soit une proportion de 45,15%. 16% des femmes instruites sont inactives Le rapport du Cnes consacre un chapitre à la participation des femmes dans la vie politique et économique. Le nombre de femmes employeurs s'élève ainsi à 30 000, soit 6% du total. En 2005, elles représentaient 5,3%. Les données recueillies auprès de divers organismes par le Cnes confirment la faiblesse de la participation féminine à la décision économique en 2006. L'on apprend que 35,33% des femmes sont présentes dans le système judiciaire en 2006 ; elles sont 1220 pour 3088 hommes. Les effectifs féminins de la Fonction publique, au nombre de 436 543 en 2006, représentent 72% de l'emploi féminin du secteur public. Les femmes au foyer restent dominantes. Près de 16% des femmes inactives ont un niveau d'instruction secondaire ou supérieur. « Ce phénomène mériterait d'être plus largement étudié pour connaître l'ampleur et les raisons de l'inactivité de cette catégorie de femmes tant au regard des coûts importants des formations reçues qu'à celui du poids réel des résistances sociales », disent les spécialistes du Cnes. Les failles du système sanitaire Le constat émane d'éminents experts. La qualité des soins est inégale à la fois pour des raisons matérielles (défaut d'équipements, absence d'une liste nationale des médicaments essentiels), organisationnelles et humaines. Les équipements disponibles dans les établissements de santé de proximité ne sont pas standardisés par niveau, peu entretenus et souvent non remplacés en cas de panne, ce qui incite à orienter les malades vers le privé. La liste nationale des médicaments essentiels n'étant pas établie, soulignent les rédacteurs du rapport, cela donne inévitablement lieu à l'établissement de prescriptions médicales revêtant un caractère empirique et anarchique, source de ruptures d'approvisionnement et facteur d'angoisse pour la population. Net recul de l'âge du mariage Le recul de l'âge au premier mariage se poursuit et reste élevé. De 33 ans pour les hommes et 29,6 ans pour les femmes en 2000, l'âge moyen du mariage est passé à 33,5 ans pour les hommes et 29,9 ans pour les femmes en 2006. « Le recul de l'âge du mariage aurait des conséquences sur la sexualité hors mariage et des risques de grossesses tardives », indique-t-on. Le Cnes a noté une augmentation du nombre annuel des mariages. Il est passé de 177 548 en 2000 à 295 295 en 2006. Les experts du Cnes ont remarqué des écarts significatifs à travers le territoire national. Par exemple, les habitants de Djelfa se marient assez tôt (26,6 ans) par comparaison avec plusieurs wilayas du centre du pays.