Le Conseil national économique et social (Cnes) et son homologue français, le Conseil économique, social et environnemental (Cese), ambitionnent de “requalifier” la relation entre l'Algérie et la France, par le biais des “sociétés civiles organisées” des deux pays. C'est du moins l'objectif assigné à la session “inédite” Cnes-Cese, qui a débuté hier au Palais des nations (Alger) et qui s'achèvera demain à Marseille, au sud de la France. Pour le président du Cnes, Mohamed-Seghir Babès, cette rencontre “délibérément pionnière” constitue “un événement majeur” qui se veut “un espace de dialogue et de concertation abritant la capacité de dire, d'être et de faire de nos sociétés civiles organisées respectives”, aux côtés des autres acteurs “institutionnels et péri-institutionnels”. Un espace qui permettra d'indiquer, mais aussi d'éclairer de “nouvelles pistes de coopération” aptes à concevoir “un futur à imaginer”, puis à le construire. M. Babès a rappelé “le caractère si singulier” de la relation algéro-française, en invitant à la réhabilitation et la crédibilisation d'une “perspective refondatrice” qui reposerait sur “un regard serein et apaisé”. Selon le président du Cnes, l'implication et le dialogue entre les sociétés civiles algérienne et française pourraient faire avancer le débat sur différentes questions intéressant les deux parties. Dans ce cadre, il a appelé à la requalification de “notre relation à travers les sociétés civiles organisées, face aux défis d'une mémoire assumée, puis partagée et apaisée” et à la capitalisation du “capital humain pour les deux rives”. Le président du Cnes a également plaidé pour l'action en commun “dans l'espace euroméditerranéen, en faveur du dialogue entre les cultures”, et “la notion définitive du développement durable et pérenne, à travers la préservation des biens publics globaux qui constituent les ressources naturelles de notre région, et plus généralement de notre planète”, ainsi que pour la promotion d'un “compagnonnage industriel” en faveur des PME/PMI “dans le cadre d'un partenariat gagnant-gagnant”. Dans son allocution, M. Babès n'a pas omis de noter au passage “la sublime abnégation et les sacrifices incommensurables” de l'Armée nationale populaire, (ANP) et de l'ensemble des services de sécurité algériens, en relevant que ce “bloc historique” a joué un rôle important pour “le retour à la paix”. De son côté, le premier responsable du Cese, Jacques Dermagne, a convenu du “rôle indépassable” des sociétés civiles, qui sont “porteuses de valeurs de raison, de justice, de progrès et d'équilibre”. Il a, en outre, admis que ces sociétés civiles ont un rôle à jouer dans l'écriture de la “petite histoire”, à l'origine encore de charges émotionnelles, afin de “contribuer au progrès des femmes et des hommes de nos pays respectifs”. D'après l'intervenant, la crise mondiale et l'espace méditerranéen, qui comporte “plusieurs réalités” et qui est en soi “une zone sensible”, sont parmi les raisons qui rendent la coopération nécessaire entre les deux pays. “La France et l'Algérie sont tenues de vivre ensemble dans la complémentarité”, a déclaré M. Dermagne, avant d'ajouter : “Ne parlons pas de normalisation, mais de requalification de la relation entre les deux pays.” Pour le président du Cese, l'avenir de la relation algéro-française doit reposer sur “les liens humains, multiples et profonds, et l'intérêt mutuel de nos deux pays”. Dès lors, les travaux de la session revêtent, selon lui, “une importance essentielle” dans la conjoncture actuelle. Jacques Dermagne a aussi estimé, plus loin, que l'heure est venue de “construire” l'Union pour la Méditerranée (UPM). “Pour y parvenir, le chemin passe prioritairement par Alger et par Paris”, a-t-il dit, promettant que les trois jours de débats montreront que “ce chemin n'est pas utopique”. Il est à souligner que la session conjointe Cnes-Cese se distingue par l'organisation de 6 tables rondes, qui aborderont ou traiteront notamment de la dimension historique (la guerre de Libération nationale), la problématique du capital humain, en liaison avec “la consolidation-valorisation d'échanges multiformes”, la vision euroméditerranéenne et les partenariats économiques. Trois tables rondes se dérouleront au Palais des nations et le reste programmé à Marseille, pour la journée de demain. Les travaux seront sanctionnés par une déclaration finale commune. Hafida Ameyar