Les magasins de brocante, très nombreux à Médéa, sont d'un grand secours pour les familles aux revenus modestes qui viennent régulièrement s'équiper à moindre coût, en produits de tout genre, mais également vendre ou échanger des objets usagés. Concentrés pour l'essentiel au niveau des vieux quartiers de la ville de Médéa, ces magasins de brocante, une quinzaine au total, forment une sorte de « marché de négoce », où des dizaines de meubles et d'appareils électroménagers changent quotidiennement de main. Si la multiplication de ce type de magasins constitue une aubaine pour les familles aux maigres ressources, assurées de vendre à bon prix leurs meubles ou appareils usagés et d'en acquérir, aussi facilement, des produits similaires, retapés ou rafistolés, cette profusion de brocantes est autrement vue par les propriétaires de ces commerces. Ces derniers parlent de « chute » du chiffre d'affaires, en raison de la « concurrence » que se livrent les commerçants, non sans évoquer le « recul » du pouvoir d'achat de pans importants de la population. Les gens vendent pratiquement tout ce qu'ils jugent encombrant ou superflu pour pouvoir payer des factures, rembourser des dettes contractées ou pour faire face aux dépenses quotidiennes. Un commerçant relèvera un « recul » des ventes, regrettant ainsi les années « fastes », où son magasin ne désemplissait jamais de clients à la recherche d'un meuble à un « bon prix ». Pour lui, cette situation s'explique, d'une part, par les effets de la concurrence, mais également par le changement de comportement des citoyens qui préfèrent, selon lui, consacrer l'essentiel de leur budget à la consommation, au lieu de dépenser leur argent dans des meubles ou des produits pas nécessairement « indispensables ». Un brocanteur installé à la place Bologhine, au centre-ville de Médéa, ne manquera pas de signaler que ce métier passe par une étape difficile, dont les conséquences se font déjà ressentir, affirmant que certains lots de meubles passent trois à quatre mois avant d'être revendus à des prix dégraissés, alors qu'il y a quelques années, les gens commandaient à l'avance leurs produits. « Il nous arrive de jeter d'anciens meubles invendus qui, à force de les déplacer, finissent par s'user davantage ou se briser, engendrant un manque à gagner supplémentaire. » En dépit de ces difficultés, la brocante reste un ultime refuge pour nombre de familles, notamment celles issues des zones enclavées qui, faute de ressources financières suffisantes, préfèrent se rabattre sur ces magasins pour s'offrir un meuble ou un appareil électroménager « bon marché ».