Ouverte pour une session de recrutement, la prestigieuse Ecole d'application des troupes spéciales (ex-ETAP) de Biskra a été littéralement prise d'assaut, durant toute la semaine passée, par des centaines de jeunes hommes venus de toutes les régions d'Algérie. Exclus du système scolaire national dans leur grande majorité, après une 9e AF ratée ou détenteur d'un certificat de scolarité de 1ère ou 2e année secondaire, ils veulent incorporer un bataillon de para-commandos, ce corps d'élite de l'ANP dont la réputation n'est plus à faire et ainsi, disent-ils, « échapper aux griffes du chômage et de la misère ». Certains d'entre eux étaient là depuis des jours, dormant à même le sol sur des bouts de carton, investissant les ruelles environnantes et le jardin du 1er Juillet mitoyen à la caserne, en attendant de pouvoir accéder à l'intérieur de l'école. Résumant les motivations de ces jeunes, Samir, 21 ans, venu de Mila, confiera : « C'est ma dernière chance de pouvoir faire quelque chose de ma vie. Je suis au chômage depuis 5 ans, et je ne veux plus vivre aux crochets de mes pauvres parents. Vendre des cigarettes et des sachets de chemma n'assure pas l'avenir ». Tahar, 20 ans, originaire d'un village de la wilaya de Annaba, expliquera : « J'ai toujours rêvé d'être militaire. J'aime les armes et la discipline. L'armée est un moyen d'améliorer ma vie présente et de préparer ma vie future ». Il est vrai que la période d'instruction à laquelle sont soumis les recrus de l'EATS est particulièrement dure, mais l'application en équipe de techniques et de tâches spécifiques, le maniement de plusieurs types d'armes et de matériels, le saut en parachute, l'initiation à la conduite de véhicules militaires et autres, et l'apprentissage d'un métier (50% des métiers acquis dans une unité militaire seraient directement transposables dans le secteur civil, selon les spécialistes) constituent, pour ces milliers de jeunes en mal d'intégration sociale, en échec scolaire ou issus de familles généralement nombreuses et défavorisées, une opportunité d'assouvir leurs désirs d'affirmation tout en bénéficiant d'une excellente formation qui leur permettra, au terme de leurs années d'engagement dans l'armée, d'envisager une reconversion aisée et sereine dans la vie civile.