Le nombre de véhicules est en constante augmentation, boosté par le crédit automobile. Et trouver une place dans un parking public ou privé relève souvent de la gageure, tant ces derniers sont saturés. Car mettre sa voiture à l'abri des vols a aussi un prix. Dans un garage situé à deux pas de la rue Réda Houhou (ex-Clausel), les prix sont établis en fonction du gabarit de votre véhicule : 4000 DA pour une petite cylindrée, 4500 DA pour une voiture moyenne et 5500 Da pour un tout terrain (4X4). Certes, votre véhicule est en sécurité, mais ce garage ferme à 22h30. Impossible donc d'en disposer en cas d'urgence entre 22h30 et 6h du matin. Le parking Bougara (El Biar) se trouve à un grand virage dominant la baie d'Alger. Ce parking à ciel ouvert est exploité par un gérant qui emploie 5 gardiens se relayant nuit et jour. « En 2001, ce parking a subi les inondations du mois de novembre, nous révèle l'un des gardien. Sa partie basse a été complètement dévastée. Des clients ont perdu leurs voitures qui ont été envasées dans la boue. L'espace réservé au stationnement s'est réduit comme une peau de chagrin, surtout depuis que l'entreprise Renault a rogné toute une partie, afin d'y aménager son propre parking ». Les riverains viennent y parquer leur auto à raison de 1500 DA mensuellement. « Ce parking est un peu loin de l'immeuble où je réside », nous confie un abonné. « Le hic, ajoute-t-il, c'est qu'à chaque fois qu'un cortège officiel emprunte le boulevard Bougara, on nous somme d'aller garer ailleurs. Un vrai casse-tête chinois ! » Au parking Laperlier (privé) pas la moindre petite place. Le gardien nous conseille de revenir quelques jours plus tard : « C'est essentiellement les résidents de l'Aérobitat qui garent ici. Dès qu'une place se libère, on vous la garde ! » Les parking publics, comme ceux de Béziers ou de Tafourah, connaissent eux aussi un afflux record. Au parking Tafourah, dépendant de la wilaya d'Alger, quelle que soit l'heure de la journée, une longue file de voitures se forme à l'entrée, pare-chocs contre pare-chocs. Certains s'y garent pour aller travailler, d'autres pour faire des courses, 25 DA les 2 heures, puis 10 DA pour chaque heure supplémentaire. Ouvert 7 jours sur 7 et 24 h sur 24, ce parking emploie 4 brigades de gardiens. Pour disposer d'une place, il faut fournir un dossier comprenant deux photos, 1 photocopie de la carte grise et de la carte d'identité, le prix est de 1500 DA par mois. Un grand panneau vous avertit : « Un véhicule garé pendant 90 jours est automatiquement envoyé à la fourrière. » Mais s'approprier un espace pour en faire un parking qu'on exploite en toute liberté, sans aucune autorisation, cela existe chez nous ! A la place d'un immeuble démoli, il y a quelques mois ((fragilisé par le séisme de 2003), situé au 19 rue capitaine Menani, se trouve un parking improvisé sur un terrain cahotique. « J'ai formulé à maintes reprises des demandes à la daïra, en vain », nous dit le gérant autoproclamé. « Toutes les places sont prises, mais il en reste une pour vous », nous lance-t-il, moyennant 1400 DA pour un abonnement mensuel. Trouver une place et garer son véhicule relève de l'exploit. Les commerçants contribuent largement à la difficulté en squattant une bonne partie de la chaussée. Un cageot vide ou des chaises posées au beau milieu de la chaussée, vous indique que c'est un « no man's land » ; parfois, c'est tout un trottoir qui est ainsi monopolisé, empêchant jusqu'à 6 ou 7 voitures de stationner. Une aberration ! Interrogé à ce sujet, M. Rabia, vice-président de l'APC d'Alger-centre, précise « à moins d'avoir une autorisation, il est absolument interdit de rogner sur les espaces publics. L'APC d'Alger-centre délivre ce document uniquement dans des cas spécifiques à l'exemple des cliniques privées ou à une ambulance qui aurait besoin de trouver une place libre à tout moment de la journée. Du temps du CPVA, dissous aujourd'hui, la police urbaine, qui n'existe plus, sillonnait les quartiers pour empêcher ce genre de dépassement. Aujourd'hui, une grande anarchie règne. La police communale devrait revenir sur le terrain ! » Il est urgent de « repenser la ville ». La restituer aux citoyens, ces grands oubliés de l'espace urbain. De nos jours, il est de plus en plus difficile pour un piéton de se mouvoir dans la ville. Tout a été réfléchi et conçu que pour la voiture. Même les trottoirs, censés être réservés aux piétons, sont squattés par les automobilistes empêchant tout passage aux « bipèdes » que nous sommes, y compris le conducteur lorsqu'il quitte son véhicule. Dans le subconscient des responsables chargés des questions urbaines, seuls les moyens de locomotion sont une priorité à prendre en charge en matière urbaine. L'ère de la matérialisation à outrance, nous fait perdre de vue qui de l'homme ou de sa voiture mérite meilleure place dans la cité, voire même dans la société ?